Dans les quelques lieux virtuels ou non qui sont sensés soutenir et aider les mamans qui allaitent, je remarque que très souvent, lorsque des informations sont données sur la confusion sein-tétine, le rôle primordial de l’allaitement, la composition du lait maternel et ses spécificités, la non-nécessité de l’introduction d’un biberon etc), de plus en plus de commentaires accusent les premières (celles qui donnent des informations) d’être des extrémistes de l’allaitement, de vouloir culpabiliser les mamans qui font de l’allaitement mixte ou qui ont décidé de sevrer leurs bébés/de ne pas allaiter.
C’est un comble. Car premièrement nous sommes des adultes et lorsque nous prenons des décisions, nous sommes capables de les assumer et de faire la part des choses. Si ce n’est pas le cas, on ne peut pas reprocher aux autres de donner des informations purement factuelles.
Il est normal d’informer et de prévenir des mamans allaitantes des obstacles qu’elles vont peut-être affronter, et comment les surmonter pour pouvoir continuer à allaiter.
Nous sommes dans une société où l’allaitement est minoritaire alors que c’est la norme biologique, et qu’aucun autre aliment n’est autant adapté aux besoins des bébés. Pourquoi?
D’abord parce que quelques scientifiques ont trouvé une formule pour améliorer le lait de vache et en faire un produit ressemblant un peu près au lait maternel qui devait servir aux cas d’urgence et que les industrialistes et lobbies ont vu là une opportunité en or pour faire du profit, en transformant les bébés en consommateurs dès leurs premières heures de vie. Aux yeux des industriels, l’allaitement et l’allaitement prolongé ne sont pas profitables car cela représente pour eux de l’argent ‘perdu’, un ‘manque à gagner’. De là est né un marketing redoutable pour convaincre les mamans que le lait maternel et le lait artificiel sont des équivalents, que donner le biberon ‘libère’ la femme et lui permet de partager les tâches avec le père, qu’un bébé humain n’est pas un petit mammifère et que par conséquent le plastique peut se substituer au contact physique.
Par la suite, les sociétés et institutions, en particulier dans le monde occidental (mais ailleurs également) se sont empressés de se saisir de cette opportunité. Le lait artificiel? Un moyen de dire aux mères qu’elles n’ont pas besoin de rester auprès de leur enfant et qu’elles peuvent retourner travailler dans les jours qui suivent la naissance de celui-ci (c’est le cas dans plusieurs pays) et qu’un vrai congé maternité est absolument superflu. D’où l’absence de politique généralisée pour former correctement le personnel médical pour soutenir et apporter de l’aide aux mamans qui souhaitent allaiter. Mais également la banalisation des échecs des allaitements alors que de fait, rares sont les cas où l’allaitement ne peut vraiment pas fonctionner. De là, les moqueries et le manque de considération pour l’allaitement.
Ils ont bien fait leur travail et réussi en tous points!
Si vous voulez allaiter et que vous rencontrer de terribles obstacles, ne parvenez pas à atteindre votre objectif en termes de durée et de moyens, c’est à eux qu’il faut en vouloir, les lobbies (et leur marketing) et les états et leurs institutions.
Ainsi qu’à toutes ces personnes qui accompagnent les grossesses, naissances et jeunes enfants, et n’éprouvent ni le besoin ni l’intérêt de se former sérieusement pour aider les mamans qui souhaitent allaiter, et se contentent du minimum voire apportent consciemment des informations erronées qui conduisent au sevrage non voulu par la mère, en la décourageant et en détruisant l’estime qu’elle a de ses capacités.
Il n’existe rien de tel qu’une campagne pro allaitement et une campagne pro lait artificiel. C’est ce que les lobbies voudraient nous faire croire pourtant.
Il y a des campagnes pour informer et soutenir l’allaitement, et des campagnes de marketing pour faire vendre un produit.
Aujourd’hui, le premier venu (ou presque) peut vous expliquer comment donner un biberon et vous soutenir en cas d’inquiètude ou de problème, mais rares sont les personnes réellement compétentes pour vous accompagner durant l’allaitement et ses épreuves (oui, il y en a).
On a vite fait de vous décourager, de vous donner des informations contradictoires, de vous faire croire que vous n’êtes pas capable de nourrir votre bébé, qu’il ne prend pas assez de poids et de mettre tous les problèmes sur le dos de l’allaitement.
Tout cela en se déclarant même parfois pro-allaitement! Un titre bien illusoire qu’il est facile de s’auto-attribuer!
Je souhaitais allaiter car c’était important pour moi mais je n’avais pas de ‘vision d’ensemble’ à ce sujet.
Un livre m’a ouvert les yeux et je le conseille à tout-es ‘Le problème avec l’allaitement’ de Jack Newsman. Il m’a fait prendre conscience d’à quel point, qu’on le veuille ou non, l’allaitement est un enjeu politique.
Nous ne nous excusons pas de donner des informations à son sujet ni de soutenir avec des conseils appropriés les mamans. Une fois qu’elle est informée, une mère peut choisir en connaissance de cause ce qui lui convient le mieux et disposer des moyens de mener son projet à bien.
Nous sommes faites pour vivre ensemble, réfléchir et nous soutenir.