Les frénotomies ne nécessitent pas d’anesthésie générale de Bobby Ghaheri

 

Je ne suis ni docteur, ni pédiatre, ni sage-femme, ni consultante en lactation,  je suis une maman.

Je partage ici un article pour que la connaissance des freins serrés/courts et leur impact sur l’allaitement soit davantage connu. Je remercie  le comité de correction de tout cœur.

Article original de l’ORL étatsunien Bobby Ghaheri disponible ici , qui a accepté de partager ses écrits : http://drghaheri.squarespace.com/blog/2014/3/8/tongue-tie-procedures-dont-need-general-anesthesia

Merci à lui !

 

L’un des obstacles les plus importants en traitant les freins de langue et les freins de lèvre est le niveau de confort du professionnel, en particulier s’ils ne font pas beaucoup de frénotomies. Un obstacle supplémentaire est que les professionnels qui sont chargés de s’occuper des bébés (orl, pédiatre, stomatologues, médecins généralistes, sage femmes et infirmières) ont tous des formations différentes. Cela complique la possibilité d’avoir une approche commune à tous pour traiter les freins. Par conséquent, beaucoup de  mères du monde entier m’ont raconté des scénarios frustrants tels que les suivants:

  • Le bébé et/ou la mère ont des symptômes au cours des tétées liées à des restrictions de freins de langue ou frein de lèvre.
  • Leur docteur ou consultante en lactation identifient correctement un frein de langue et/ou de lèvre et les réfèrent à un orl ou stomatologues.
  • Le chirurgien n’est pas à l’aise pour faire la frénotomie dans son cabinet et demande à ce que cela soit fait sous anesthésie générale.
  • L’anesthésiste n’est pas à l’aise de faire une intervention “élective” sur un bébé avant qu’il ait 3 (voire même 6) mois.
  • Pendant que le bébé attend, la mère et le bébé ne peuvent pas maintenir l’allaitement et la relation est perdue.

 

Avant d’expliquer comment réaliser une frénotomie dans un cabinet, je souhaite rappeler les différentes raisons pour lesquelles il est préférable d’éviter une anesthésie générale. La première raison pour laquelle il faut éviter une anesthésie générale sont les conséquences possibles sur l’enfant. Il y a de nombreuses études faites sur les animaux qui nous montrent que l’inhalation d’anesthésiants ajoutée à l’injection d’anesthésiants tels que de la kétamine et du propofol sont neurotoxiques. Ils causent la mort de cellules nerveuses chez des animaux en développement. Il y a plusieurs analyses sur les humains à postériori qui ont démontré des problèmes potentiels. L’une des études les plus célèbres est celle de la Mayo Clinic en 2012 montrant : “les enfants régulièrement exposés à des procédures nécessitant des anesthésies générales avant deux ans avaient plus de chance de développer des TDAH plus tard.” Malgré que des études prospectives soient toujours en cours, je pense qu’il y a assez de preuves pour nous montrer que l’anesthésie générale peut avoir des effets sur les enfants, et s’il y a une alternative, c’est le choix à faire. Il y a aussi des risques immédiats à l’anesthésie générale – des réactions aux anesthésiants qui peuvent conduire à d’autres problèmes de santé. Il n’y a rien de plus sûr que de l’éviter complètement si possible.

Ensuite, le bébé est séparé de la mère et téter après une anesthésie n’est pas une chose facile. Le bébé doit se réveiller en salle de réveil, souvent branché à des moniteurs, et que la mère entre dans cette pièce pour l’allaiter n’est pas toujours évident. Les effets de l’anesthésie, même pour des courtes durées peuvent durer durant la journée et interrompre la routine d’allaitement.

Ensuite, c’est un coût. Parce que ces bébés sont jeunes, la procédure est presque toujours faite dans un hôpital plutôt que dans une clinique. Il y a deux coûts à une anesthésie générale : le coût de l’anesthésiste et le coût de l’hôpital. Le prix du séjour est de loin le plus élevé. Et pour les familles qui doivent déjà payer pour la naissance de leur enfant, cela peut être compliqué financièrement.

De loin la raison la plus répétée utilisée par ceux qui ne veulent pas réaliser de frénotomies dans leur cabinet est la peur de saignements abondants. Cette complication potentielle peut être atténuée par une formation adéquate. Entre avril 2012 et avril 2013 (avant mon utilisation du laser) j’ai réalisé 203 frénotomies aux ciseaux dans mon cabinet à des enfants de moins de 12 mois. Personne n’a eu besoin de cautérisation ou points de sutures. Quel est mon protocole de base pour réaliser une frénotomie aux ciseaux ?

J’ai tout l’équipement près en avance : ciseaux de frenotomie, une sonde cannelée, des gazes, une crème topique anesthésiante avec des Q-tips (j’utilise EMLA maintenant que la benzocaïne est contre indiquée chez les enfants en dessous de 2 ans), un anesthésiant injectable (1% de lidocaïne avec  1:100000 epinephrine utilisant une aiguille de 30g et de la gaze flottant dans de l’eau glacée.

 

Il y a plusieurs tailles pour ces instruments – je préfère le 6 mm plutôt que le 4mm. A gauche, une sonde cannelée pour isoler le frein de langue. A droite des ciseaux de fretonomie

 

 

  • Le bébé est emmailloté sur une table plate avec un assistant tenant la tête (ou un parent ou un autre assistant peut tenir les bras.) Le frein de lèvre s’il est traité sera tamponné avec du EMLA. 30 secondes plus tard, j’injecte un anesthésiant dans le frein de lèvre (en particulier le long de la mâchoire). Ensuite j’attends 10 minutes pour que l’épinéphrine provoque une vasoconstriction. Cette même technique peut être utilisée pour le composant postérieur du frein de langue, bien que je ne pense pas que cela soit nécessaire. J’utilise en général EMLA directement sur la langue juste avant la procédure.
  • 10 minutes plus tard, soit je fais une incision dans la mâchoire ou bien j’enlève complètement le frein de lèvre avec plusieurs petites coupures. Je pense que l’excision du frein de lèvre (une frénectomie) a comme conséquence moins de freins qui se reforment. La clé est de tirer sur la gaze pour éviter qu’elle glisse. Une tension appropriée sur la blessure rend les saignements minimes.
  • Une fois que le frein de langue est tamponné avec du EMLA, une sonde cannelée est utilisée pour isoler le frein de langue et il est coupé en allant jusqu’à la partie postérieure. Le passage du doigt devrait permettre de vérifier qu’il ne reste plus d’attache. Le résultat est une plaie en forme de diamant. S’il n’y a pas de diamant, il y a encore du frein à couper.
  • On continue à appuyer sur la plaie avec une gaze froide jusqu’à ce que la mère soit prête à allaiter, et ensuite le bébé est mis directement au sein (ou au biberon). Quelques secondes plus tard, ou minutes, le saignement s’arrête.

Cette technique a pour résultat la libération effective de bandes attachées et peut améliorer de manière significative les conditions de l’allaitement sans anesthésie générale.

 

Malgré ces explications, si la seule option qui est présentée à la mère est un professionnel qui a recours à l’anesthésie générale, je le recommande aussi. Mon avis est que les bénéfices de l’allaitement prolongé pèsent bien plus lourd dans la balance que les risques de l’anesthésie générale.

 

Cependant si vous avez un professionnel prêt à faire une frénotomie sans anesthésie générale pour la première fois, n’hésitez pas à leur dire de m’envoyer un courriel pour que je puisse les aider à réaliser cette opération simplissime.

 

 

 

 

 

 

This entry was posted in Allaitement et freins. Bookmark the permalink.