Réflexes archaïques ou innés

On parle parfois de réflexes, archaïques, innés, primitifs. A quoi correspondent-ils ? Quel est leur rôle dans la vie du bébé ? de l’enfant ? quand doivent-ils être actifs ? intégrés ? quelles sont les conséquences de leur non intégration ? Comment permettre ou aider l’intégration ?

Par souci de clarté sera utilisé le terme de ‘réflexes innés’ tout au long de l’article, il évoque le lien avec la période pré natal et post natal, mais les termes archaïques et primitifs sont des équivalents.

 

La découverte du concept des réflexes innés et historique

Jean-Pierre Changeux, un neurobiologiste français, remarqua que les embryons de poussins faisaient des mouvements réflexes pendant la période de gestation. Alors qu’ils étaient encore dans l’œuf il utilisa une aiguille fine et paralysa leurs muscles avec du curare, pour que les mouvements de réflexes soient inactivés. Quand les poussins sortaient de l’œuf, il examina leur cerveau et ceux-ci présentaient des anormalités.

Dans les années 1970, des professeurs d’université et ergothérapeutes réalisèrent des études en formant des groupes d’enfants avec difficultés scolaires, et un groupe d’enfants sans difficultés scolaires, et testèrent la présence de réflexes innés. Chez le groupe d’enfants en difficultés les réflexes étaient dominants.

EN 1994, Wilkinson à l’université de Newcastle upon Tyne reproduit l‘étude de Rider de 1971, et il retrouve un lien entre les difficultés d’apprentissage et les réflexes (Moro, Réflexe tonique du labyrinthe)

En 1997, O’Dell et Cook qui ont fondé the Bender Institute à Indianapolis, constatent que les exercices de Miriam Bender pour intégrer le réflexe tonique symétrique aident à atténuer l’hyperactivité.

En 1998, Goddard et Hyland reprennent les questionnaires de Blythe et McGlown et établissent qu’il faut 7 critères ou plus de présents pour parler de retard de développement

En 2001, Goddard présente un rapport qui établit que dans un groupe de 54 enfants étant dyslexiques. La totalité avait un réflexe tonique asymétrique du cou non intégré et un réflexe tonique du labyrinthe non intégré. Présence d’autres réflexes non intégré : réflexe de Moro (81%), Réflexe tonique symétrique du cou (72%), réflexe Spinal Galant (65%), Réflexe Palmaire (55%).

Plusieurs études ont également été réalisées entre les années 80 et 2000.

 

Le rôle des réflexes innés

Les réflexes innés sont des réflexes présents dès la vie in utéro. Le bébé passe d’un monde où la gravité était atténuée, le besoin de se nourrir comblé et sans effort, le besoin de se protéger de menaces extérieurs quasiment inexistant. Le jour de sa naissance, il doit faire face à un autre monde et les réflexes sont là pour l’accompagner.

Les réflexes sont ‘automatiques’, stéréotypés. Ils viennent de cellules nerveuses et du tronc cérébral et n’impliquent pas l’intervention du cortex, qui est la partie du cerveau en charge des actes volontaires et dits ‘conscients’. Les réflexes innés permettent au bébé de venir au monde et s’alimenter et de s’adapter à son environnement à la naissance. Ils permettent sa survie du bébé, sa naissance et son développement pendant ses premiers mois.

Ils doivent laisser place à des réflexes ‘ponts’ intermédiaires puis à des réflexes posturaux qui sont contrôlés par le cortex donc volontaires et conscients.  Voici des exemples de réflexes posturaux de vie que l’on acquiert par la suite : réflexe tendineux de protection, réflexe de gravité, réflexe d’enracinement. Nous sommes censés les conserver à vie.

13 réflexes en détails
réflexe de peur paralysant / retrait
réflexe de Moro
réflexe de succion
réflexes des points cardinaux
réflexe de babkin
réflexe palmaire et plantaire
réflexe de babinski
réflexe de talonnage et pointage
réflexe tonique asymétrique du cou
réflexe Tonique symétrique du cou
réflexe spinal de galant
réflexe tonique du labyrinthe
réflexe de parachute

 

Réflexes non intégrés et apprentissage

Ces réflexes se développent dans un ordre bien précis, et lorsque le réflexe est complètement développé et actif, il peut ensuite être intégré et il ‘disparaît’. Le corps reconnait qu’il a fini d’apprendre quelque chose et il passe à un nouvel apprentissage.

De la naissance au 4 mois, le bébé utilise la partie de son cerveau appelé tronc cérébral qui suppose des réactions involontaires, de 4 mois à 1 an s’ajoute le contrôle du cerveau mésencephale (hypophyse / hypothalamus) qui suppose une réponse métabolique et hormonale, puis à maturation le troisième ‘niveau’ cérébral qui intervient est le cortex : il est en charge d’une réponse volontaire et plus complexe.

Si les réflexes ne sont pas intégrés et donc non  sous le contrôle du cortex mais encore du tronc cérébral, ils empêchent le développement de réflexes posturaux qui permettent à l’enfant d’évoluer et d’interagir avec son environnement de manière efficace. En effet, si les réflexes innés restent actifs, cela cause une mauvaise organisation nerveuse et peut affecter la motricité, grosse ou fine, mais aussi les perceptions sensorielles, la connaissance, les modes d’expression.  « L’équipement pour l’apprentissage sera endommagé malgré une capacité intellectuelle adaptée à l’apprentissage. » (Sally Goddard)

Information sensorielle et apprentissages : ici

Intégrer les réflexes et remédier aux difficultés d’apprentissage : ici

Les causes de non intégration

Les réflexes innés sont sensés vivre, c’est à émerger, s’activer puis être intégrés. Mais des traumatismes, des étapes de développement qui ont été sautées peuvent empêcher l’activation et l’intégration des réflexes. On parle alors de rémanence, le réflexe n’est pas intégré et les phases suivantes de développement ne peuvent se réaliser correctement. Puisqu’ils sont étroitement liés, il y a souvent plusieurs réflexes non intégrés ensemble.

 

Voici quelques causes de non intégration des réflexes innés :

  • Stress et infections : grossesse compliquée, état de stress répétés, souffrance physique ou morale
  • Absence de mouvement : immobilité de la mère pendant la grossesse (alitée) et/ou la naissance
  • Intervention extérieure lors de la naissance : naissance médicalisée, césarienne, utilisation de péridurale, instruments : forceps, ventouse etc
  • Complications à la naissance : prématurité, travail très rapide, long, séparation du bébé et de la mère dans les premières heures après la naissance
  • Chutes, accidents, traumatismes qui peuvent les réactiver à tout âge de la vie.

 

 

 

Références et liens :

Reflexes, Learning and Behavior – A Window Into the Child’s Behavior de Sally Goddard (2002)
Retained Neonatal Reflexes Les Réflexes Néonataux Retenus – Une approche révolutionnaire pour la prise en chage ‘enfants souffrant de troubles du comportement et de difficultés d’apprentissage –  Livret d’accompagnement des Patients de Susan Walker (2013)
Maman, papa, j’y arrive pas ! comprendre et agir sur les causes physiologiques des difficultés scolaires et comportementales de son enfant de Marie-Claude Maisonneuve (2008)
Le Pouvoir des Réflexes à l’école – pourquoi nos enfants n’y arrivent pas, comment les aider de Emanuelle Sutherland (2019)
Brain Gym – le mouvement, clé de l’apprentissage de Paul Dennison et Gail Dennison (2010)
Kinésiologie pour enfants de Paul et Gail Dennison (1985)

Le site réflexes/ IMP https://www.reflexes.org/
Association français de réflexes et mouvements http://afrem.org/
Chiropracteurs formés aux réflexes https://www.retainedneonatalreflexes.com.au/fr/

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