Sevrer son bébé

Le sevrage naturel arrive entre 2 ans et demi et 7 ans. Par sevrage naturel, on entend un enfant qui se détourne progressivement du sein, tète de moins en moins, pour finir par oublier de téter un jour. On dit que cela correspondrait à l’arrivée à maturité du système immunitaire, le lait maternel ayant rempli sa fonction d’éducation de celui-ci, son importance pour la santé finit par décroitre. L’orthophoniste John Mew dit que physiologiquement il faudrait 4 ans et demi minimum de tétées pour permettre à la bouche de se développer correctement.  Un article sur le sevrage naturel ici despetitesmainsdabord : https://lesptitesmainsdabord.fr/2018/03/le-sevrage-de-lallaitement/

Avant cela il existe de très nombreuses situations de sevrage induits : confusion avec un contenant, grève et refus du sein à cause de la baisse de la lactation, introduction de produits laitiers, difficultés de succion etc. Un article sur la confusion : ici. Un article sur les causes possibles de manque de lait : ici.

 

Pour rappel, être allaité est très important pour l’enfant :

  • Cela permet développement optimal de la mâchoire,
  • Cela protège contre les maladies et infections.
  • cela réduit les risques de développer des allergies, maladies cardio-vasculaires, obésité, puberté précoce, cancers, troubles alimentaires, épilepsie.
  • Cela favorise le bon développement du système immunitaire. Le lait maternel a le rôle de l’éduquer. Il contribue à la construction et enrichissement du microbiote intestinal, la barrière immunitaire.
  • Cela favorise le développement cérébral, le langage, la sociabilité.
  • C’est aussi une manière de développer une relation avec la mère, des contacts, et développer le sens de sécurité affective.

Pour rappel, allaiter est très important pour la mère :

  • cela permet de récupérer plus vite en post partum en facilitant la reprise de taille normale de l’utérus
  • les hormones liées à la production de lait permettent d’adoucir les transitions entre la grossesse et la suite de la vie, de supporter davantage la fatigue, de ressentir davantage d’amour et bien-être (merci l’ocytocine)
  • cela diminue les risques de cancer du sein, diabète de type 2, maladies cardio vasculaires, endometriose, alzheimer, arthrite rhumatoide, dégénerescence lié à l’âge et obésité.
  • cela diminue les risques d’anémie en suspendant les cycles.
  • en cas de dépression post partum, l’allaitement favorise le maintien du lien mère-enfant et la sécrétion d’ocytocine donc de pensées positives.

Source : ‘Allaiter plus longtemps’ de Claude Suzanne Didierjean-Jouveau, 2017

article : 8 raisons d’allaiter son enfant. 

 

 

Une mère peut croire à tort que le sevrage est nécessaire alors que ce n’est pas le cas. Par manque d’informations et/ou de soutien, elle peut se retrouver à sevrer contre son propre gré.

Quelques exemples de situations :

prise de médicaments qui sont pourtant ‘compatibles’ avec l’allaitement, on peut vérifier sur le site du crat (www.lecrat.fr)

fait par des docteurs de l’hôpital Armand-Trousseau et le site e-lactancia (www.e-lactancia.org) en anglais et espagnol tenu par  des pédiatres et pharmaciens espagnols de l’association APILAM.

une situation médicale où la mère reçoit de mauvaises informations : on lui dit de cesser l’allaitement si elle a une mastite ou un abcès, alors que ce n’est pas le cas, il faut continuer à drainer le sein. Si elle est malade, a la grippe, elle représente un danger, alors que la contagion est déjà effective et que le bébé sera davantage protégé en recevant le lait maternel et les anticorps qu’il contient. Si elle est hospitalisée, ou qu’elle reçoit des médicaments non compatibles. Elle peut tirer son lait et le jeter pour maintenir sa lactation et reprendre l’allaitement ensuite.  Inversement, si le bébé est malade, a une gastro-entérite ou autre on peut lui il faut arrêter de l’allaiter alors que l’allaitement protège le bébé de la déshydratation et des infections, l’aide à se rétablir plus vite.

perte de confiance en ses capacités d’allaiter, l’impression de ne pas être capable de subvenir aux besoins du bébé : ‘tu n’as plus de lait’ etc alors que c’est un manque connaissances des rythmes du bébé allaité et qu’il est possible de relancer la lactation

les douleurs au sein : il arrive que la mère ait des douleurs pendant les tétées, et les professionnels étant rarement formés, elle ne sait pas ce qui les cause ni comment y remédier. Elle sèvre pour y mettre fin alors qu’il y a des solutions. Un article sur les douleurs ici.

un bébé qui pleure au sein semble avoir des difficultés pour téter : des tensions physiques peuvent causer des difficultés, ainsi que des freins restrictifs, et des allergies. Le sevrage ne soulagent pas le bébé. Les tensions restent présentes juste moins visibles, les freins (article ici) continuent de poser des soucis de déglutition au biberon, et être allaité est ce qui permet de développer correctement la bouche du bébé. Concernant les pleurs et difficultés liées aux allergies, elles perdurent. Aucune préparation commerciale pour nourrisson / lait artificiel n’est adapté à un bébé allergique. Leur composition ne leur permet pas d’être cicatrisants, ni d’apporter dans souches de bonnes bactéries, ni de protéger le système digestif et de l’aider à se développer. Les pcn sont très pauvres, encore plus pour les bébés allergiques. Ici un article.

la pression sociale : à cause du regard des autres / de stéréotypes ou des images reçues ‘c’est malsain, incestueux, c’est assez, cela rend l’enfant dépendant, c’est inutile, ton corps’, la mère n’arrive pas à imaginer allaiter plus longtemps et elle sèvre. Il est dommage de laisser le regard extérieur influencé les décisions, d’autant que ce n’est que le début des conflits vis-à-vis de l’éducation que l’on souhaite donner à son enfant. Et que la société manque cruellement de culture d’allaitement et de la conscience à quel point être allaité est important pour la santé.

que la religion interdit l’allaitement à partir d’un certain âge : par exemple que le  Coran interdit l’allaitement passé deux ans, ce qui est une mauvaise interprétation du texte. Il est stipulé que l’enfant a droit a deux ans d’allaitement pleins, mais que l’allaitement peut être écourté et allongé si cela lui est profitable. Article ici.

manque de soutien et critiques dans le noyau familial : père, conjointe, tous les problèmes du bébé, de la maison, du couple, sont mis sur le dos de l’allaitement. La mère croit que le sevrage va aider.

– la fatigue : débordée par les nouveaux rythmes, peu aidée, la mère peut se sentir épuisée, dépassée, et croire que le sevrage va lui permettre de mieux gérer et d’avoir plus de temps… ce n’est pas le cas. Son bébé restera un bébé, et donner des biberons suppose toute une logistique.

– le ‘faire ses nuits’ : on peut laisser entendre à la mère que le bébé fera ses nuits s’il est sevré. C’est faux. Il est physiologique pour un bébé de se réveiller la nuit. Ici un article sur les nuits des bébés.

le manque de lait avéré : il est possible de relancer sa lactation avec un tire lait et la bonne taille de téterelles avec des tirages fréquents, et d’explorer les différentes causes qui nous ont faites arriver là. Article sur le manque de lait : ici.

– la reprise du travail : tout le monde s’attend à ce que vous sevriez votre bébé, mais maintenir les tétées à la demande lorsqu’on est pas séparé et tirer au travail permet de maintenir la lactation et de continuer à allaiter.  Un article http://lesptitesmainsdabord.fr/2016/06/201606reprendre-le-travail-en-allaitant/

 

Il existe des situations complexes cependant dans lesquelles la mère se retrouve obligée de sevrer :

  • traitement long et non compatible / grave souci de santé chez la mère
  • allaitement pendant une grossesse à risque (même si le lien entre les faibles contractions causées par les tétées et un véritable risque pour le fœtus n’a jamais été prouvé).
  • Très grave et rare souci de santé pour le bébé , mais il peut continuer d’être allaité via des sondes/biberons de lait maternel tiré.

Il peut y avoir des situations dans laquelle la mère peut envisager un sevrage :

  • aversion ou réflexe d’éjection dysphorique très marqué qui transforme la relation avec son bébé et joue sur sa santé morale.
  • Elle peut éventuellement continuer à tirer et donner son lait autrement.
  • Une mère déterminée, qui est arrivée à sa limite personnelle pour une raison ou une autre.

 

Ce qu’il faut savoir

  • La décision de sevrage revient à la mère et à elle seule. Elle dispose de son corps et de ses ressources.
  • Sevrer n’est pas maternant, quelle que soit la raison du sevrage. C’est une grande perte pour l’enfant, qui va se sentir soudainement moins aimé.
  • Un sevrage ‘partiel’, c’est à dire sevrage de nuit, ou supprimer quelques tétées la journée est autant douloureux pour le bébé. Les tétées la nuit sont essentielles pour qu’il se nourrisse correctement, cela jusqu’à la fin de l’allaitement. Il n’y a pas de tétées ‘inutiles’. Ce type de sevrage peut entrainer un sevrage définitif du bébé. Ce n’est pas plus simple, ce n’est pas plus respectueux.
  • On peut décider de continuer à donner son lait autrement en tirant et en arrêtant les tétées.
  • Il est important d’expliquer pourquoi l’on fait cette démarche et que cette démarche nous appartient et n’a rien à voir avec lui, qu’il n’est pas fautif, qu’il n’a pas fait quelque chose de mal.
  • sevrer bébé ne permet pas d’avoir plus de temps/ qu’un bébé sevré n’est pas moins prenant, cela reste un bébé.
  • sevrer un bébé allergique est très problématique, toutes les préparations commerciales pour nourrissons contiennent des allergènes et n’ont pas les propriétés exceptionnelles du lait maternel.
  • Il est possible revenir sur sa décision à n’importe quel moment.
  • il suffit parfois de donner plus à manger et à boire à son bébé pour qu’il tète moins souvent si c’est un bambin.
  • s’occuper de la santé de la mère : carences, hydratation alimentation, équilibre hormonal peut permettre de résoudre les difficultés, améliorer les ressentis, et maintenir l’allaitement.
  • Dans le cas d’une dépression post partum, l’allaitement permet de sécréter de l’ocytocine et de favoriser le lien mère-enfant. Il est donc crucial de le maintenir.
  • un bébé qui tète en permanence et hurle peut avoir du reflux, un manque de lait, signaler ainsi une souffrance. En prenant la souffrance en charge, la situation peut s’améliorer grandement et l’allaitement devenir agréable.
  • le sevrage a des conséquences hormonales sur la mère, et que même si elle l’a choisi, elle risque de ressentir les changements, qui peuvent jouer sur son moral et sur son corps.
  • on n’a pas à se sentir seule dans l’allaitement et les difficultés, il existe de la vraie aide, on peut aller à des réunions pour rencontrer d’autres mères allaitantes.
  • Il est important de sevrer progressivement pour le corps de la mère aussi, que les changements hormonaux ne soient pas trop brusques, éviter mastite et engorgement.

 

Comment procéder ?

  • Informer son bébé de sa décision et du fait qu’il n’en est en aucun cas responsable.
  • L’assurer régulièrement de son amour et le câliner, ne pas supprimer la proximité physique
  • Accueillir ses émotions : frustration, pleurs, colère, s’appuyer sur le deuxième parent qui peut bercer ou proposer des activités.
  • Supprimer une tétée à la fois et étaler le sevrage sur plusieurs semaines, remplacer la tétée par des câlins / activités.
  • Causer une confusion avec un contenant à débit plus rapide que le sein : on remplace les tétées par des prises de liquides (pcn si petit bébé, pcn ou eau si bébé deplus de 1 an)
  • Choisir une période où le bébé est moins intéressé/ mobilisé par d’autres choses dans la journée pour le sevrer (périodes d’acquisitions motrices)
  • Ne pas oublier de remplacer les calories et liquides perdus par des compléments pour les bébés de moins de 1 an, compléments, aliments sains et de l’eau pour les bambins  à défaut de pouvoir remplacer le lait maternel.

A ne pas faire car encore plus traumatisant pour le bébé :

  • On ne se décharge pas de la responsabilité du sevrage en confiant son bébé à quelqu’un d’autre et en s’en séparant. La séparation ajoute de l’angoisse et justifie la sensation de ne pas être aimé. Cela marque profondément le bébé et inscrit un traumatisme supplémentaire.
  • On ne met pas de produits sur les seins pour décourager le bébé. En tant qu’adulte, on peut accueillir les émotions et verbaliser.

 

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