Voici le témoignage bouleversant d’une maman qui a tire-allaité le bébé de son amie gravement malade jusqu’à la diversification pendant 5 mois, en parallèle avec l’allaitement de son propre bébé.
Faisant de ce garçon et de cette fille, des frère et sœur de lait.
C’est ce que j’appelle une amie de lait, une mère de lait.
Quand on a le cœur grand comme le soleil ainsi, on rayonne sur la terre entière.
« Toute petite déjà, alors que personne dans ma famille ou mon entourage n’avait allaité son bébé, je mettais mes poupées sur mon sein et j’étais persuadée que quand j’aurais des enfants, je les allaiterais.
Les années ont passées, j’ai fait mes études de sage-femme durant lesquelles je me suis fait une proche amie. A la fin de notre 3eme année, elle a appris qu’elle était atteinte de la sclérose en plaques.
Nous avons fini nos études et avons été diplômées ensemble. Par chance, nous avions postulé dans le même hôpital et avons été prises toutes les deux pour travailler dans le service de maternité !
Six années plus tard, nous voilà enceintes en même temps ! Ma DPA était pour le 15 janvier et elle pour le 6 !
Elle était déjà maman d’un petit garçon qu’elle avait dû sevrer à 1mois de vie pour reprendre son traitement contre la SEP car en pleine poussée.
Nous accompagnons des mamans dans leur allaitement tous les jours dans notre travail. Cela avait été extrêmement douloureux pour elle de devoir mettre un terme à son allaitement et la douleur était d’autant plus grande d’avoir dû lui donner du LA (lait artificiel).
Pendant cette seconde grossesse, elle a fait beaucoup de poussées de SEP et sa neurologue ne voulait même pas qu’elle allaite un seul jour, mais elle a quand même voulu retenter l’expérience.
Pendant nos grossesses, elle m’a demandé si je pourrais lui fournir du lait pour son bébé si elle était amenée à devoir sevrer tôt, nos DPA étant si proches. J’étais enchantée, honorée ! Qu’elle ait osé me le demander, parce que de mon côté, l’idée avait déjà germé dans ma tête mais je n’avais pas encore osé lui proposer, ne sachant pas comment elle allait réagir ! J’ai évidemment dit que je ferais tout mon possible pour que ça fonctionne et toute ma grossesse je me suis conditionnée à allaiter deux bébés, mentalement et physiquement (j’ai stimulé progressivement manuellement mes seins chaque jour en surveillant que ça n’ait pas de lien avec mes contractions).
J’ai accouché 17 jours après elle, et elle a pu allaiter un peu plus d’un mois. Dès la naissance de mon bébé, une fois ma montée de lait bien installée, j’ai commencé à tirer pour faire des réserves pour le moment où elle n’aurait plus “le droit” (pour sa propre santé) de nourrir son bébé avec son lait. Je tirais avant chaque tétée de mon bébé (soit toutes les 2-3h), heureusement j’ai une grosse capacité de stockage, ce qui me permettait de tirer 150 à 200ml par sein en 5 min, maximum 10 avec le tire lait Medela Swing en simple pompage.
Je congelais dans des sacs de conservation pour lait maternel et je lui apportais le tout dans une glacière. Le jour de la “livraison”, je lui apportais un biberon de lait maternel frais, pour qu’elle n’ait pas toujours du congelé.
C’est ainsi que j’ai pu lui fournir du lait jusqu’à ce que son bébé soit diversifiée. J’ai alors dû arrêter mon tirage intensif avec grand regret et me concentrer sur mon bébé car il était (est !) très demandeur et en y ajoutant le tire lait j’étais à plat physiquement…
Je suis heureuse que mon amie m’ait fait confiance et qu’elle ait osé me le demander.
Mon bébé a une sœur de lait et je serai contente de lui raconter cette histoire plus tard.” Amélie
Une des livraisons