Je ne suis ni docteur, ni pédiatre, ni sage-femme, ni consultante en lactation, je suis une maman.
Je partage ici un article pour que la connaissance des freins serrés/courts et leur impact sur l’allaitement soit davantage connu. Je remercie le comité de correction de tout cœur.
Article original de l’ORL étatsunien Bobby Ghaheri disponible ici , qui a accepté de partager ses écrits : http://www.drghaheri.com/blog/2014/11/14/breastfeeding-problems-can-affect-the-emotional-health-of-mom-and-baby-1
Merci à lui !
En tant qu’ORL, j’ai été familiarisé avec les traitements en lien avec l’allaitement focalisé sur les aspects techniques de la frénotomie puisque cela s’associe à des problèmes d’allaitement. Auparavant, je voyais les bébés pour un motif spécifique et ensuite, je m’appuyais sur les consultantes en lactation de ma communauté pour améliorer les conditions de l’allaitement. Cependant, en temps que père d’enfants avec des freins de langue et mari d’une femme merveilleuse qui a souffert de l’allaitement avec notre premier enfant, j’ai toujours été conscient de ce qu’un allaitement dans de mauvaises conditions fait à une mère (et une famille). Dans ce post, je veux discuter de facteurs qui sont affectés par l’allaitement qui ne s’intéressent pas forcément à l’alimentation du nourrisson ou la qualité de la prise. Certaines idées que je vais évoquer auront des références scientifiques, certaines n’ont pas été étudiées.
La santé mentale de la mère – J’ai parlé précédemment de l’importance des symptômes de la mère pour déterminer si une frénotomie était justifiée. Quand un bébé a des difficultés pour téter, l’inquiétude de la mère est visible et quasiment palpable. Une mère a un instinct primaire qui lui ordonne de nourrir son enfant, et une interférence avec ce désir peut avoir un impact psychologique important. Une étude très importante à ce sujet a été publié cette année par Cristina Borra et ses collègues (lien ici Cristina Borra and colleagues.) Dans cette étude, les taux de dépression post partum étaient mesurés en lien avec la réussite à allaiter ou non. Les mères avec les taux de dépression post partum les plus bas étaient les mères qui avaient eu l’intention d’allaiter et avaient réussi. Les mères avec les taux de dépression post partum les plus hauts étaient celles qui avaient souhaité allaiter mais n’avaient pas pu ou réussi. Leur risque de dépression post partum était le double par rapport à celui du groupe contrôle. C’est un nombre alarmant qu’on ne peut ignorer. Une étude similaire s’intéresse à ce qu’il se passe avec l’allaitement quand une mère est diagnostiquée en dépression post partum. Dr Stuebe et ses collègues trouvèrent que dans les cas de lactation perturbée, la durée moyenne d’allaitement étaient de 1 mois et deux jours. La durée d’allaitement des cas sans perturbation de la lactation était de 7 mois. (lien ici Dr Stuebe and colleagues). Dans l’article elle découvrit aussi que les mères avec une dépression postpartum avaient un taux plus élevé de lactation perturbée. Le dernier article est, à mon opinion, le plus intéressant. Dans une étude portant sur des animaux, Dr Hinde et ses collègues ont examiné les taux de cortisol dans le lait maternel dans des dyades de singes (rhesus macaques) (lien ici Dr Hinde and colleagues) Ils ont ensuite démontré que les singes avec des taux de cortisol élevé dans leur lait maternel avaient des bébés qui étaient ‘nerveux’ et les bébés exposés au lait maternel avec des taux de cortisol plus faibles étaient plus ‘confiants’. Les taux de cortisol sont souvent élevés chez les personnes traversant des difficultés physiques ou psychologiques, donc comprendre l’impact du cortisol est particulièrement intéressant pour moi. La cause d’un taux de cortisol élevé et les effets en aval de ces taux de cortisol sont très complexes et davantage d’informations peuvent être trouvés (here et here). Il est important de reconnaître que ce que le cortisol implique concernant l’allaitement n’est pas encore complètement clair, donc plus de recherches sont nécessaires.
Santé mentale du bébé – d’un point de vue biologique, l’un des instincts les plus basiques de l’humain est de téter. Vous avez peut-être déjà vu un nouveau-né ramper sur la poitrine de sa mère et prendre le sein sans aide. C’est une capacité innée chez les bébés. Quand l’allaitement est interrompu, on sait comment cela peut affecter comment le bébé se nourrit, mais on n’a pas de données sur à quel point le bébé souffre quand ce besoin de base est mis à mal. Un article très intéressant sur comment le stress chez les bébés est mesuré a été publié en 2012 et étudiait le stress du nourrisson et de la mère quand était essayée une méthode de laisser pleurer pour l’apprentissage du sommeil. Cet article montrait que quand la mère et le bébé résistaient lors de la mise en place du programme, leur taux de cortisol, facile à mesurer était très élevé. Une fois que le bébé était ‘entraîné’ et que la mère le mettait dans sa chambre, les niveaux de cortisol de la mère redevenaient normaux, mais les niveaux du bébé restaient élevés même sans signe de détresse (un entraînement apparemment réussi). Comment cela peut-il avoir un lien avec l’allaitement ? Je considère que les bébés qui ont des difficultés à téter sont dans une réelle détresse comme l’est un bébé abandonné. Une fonction humain basique (comme la proximité parentale dans le sommeil ou des tétées faciles) est facilement mis à mal et les niveaux de cortisol peuvent augmenter. A un certain point, nous serons capables de le mesurer. J’ai régulièrement des retours de mamans par mail peu de temps après une frénotomie pour me dire qu’elles ont un ‘tout nouveau bébé’. Ces bébés sont souvent plus calmes, dorment mieux, et ont moins de tensions physiques. Ils semblent détendus et heureux.
Il est temps que les professionnels du milieu médical commencent à considérer l’allaitement comme un processus développemental important plutôt que comme la marche d’un escalier qui fait grandir un bébé physiquement. La communauté médicale est très forte pour mesurer des attributs physiques – les courbes de croissance et les acquisitions moteurs sont prises en considération lors des visites de santé. Il faut que nous nous intéressions au bien-être neurologique et psychique des nourrissons et à ceux de leur mère également. Notre système actuel fait défaut à la dyade dans l’aspect émotionnel et nous devons nous intéresser aux conséquences de cet échec.