Il y a des preuves que la frénotomie améliore les conditions de d’allaitement de Bobby Ghaheri

Je ne suis ni docteur, ni pédiatre, ni sage-femme, ni consultante en lactation,  je suis une maman.

Je partage ici un article pour que la connaissance des freins serrés/courts et leur impact sur l’allaitement soit davantage connu. Je remercie  le comité de correction de tout cœur.

Article original de l’ORL étatsunien Bobby Ghaheri disponible ici , qui a accepté de partager ses écrits : http://drghaheri.squarespace.com/blog/2014/5/11/the-evidence-supports-treating-tongue-tie-for-breastfeeding-problems

Merci à lui !

 

Ce post a pour objectif de répondre à l’argument fréquent qu’il n’y a pas de preuve que traiter les freins de langue aide pour les problèmes d’allaitement. Il s’adresse aux docteurs, consultantes en lactation, les thérapeutes du langage, les membres de la famille de la dyade mère/bébé qui, pour quelque raison que ce soit, pensent que la frénotomie est injustifiée. Souvent, les réponses catégoriques et négatives que les mères obtiennent sont tellement fortes qu’elles ont peur de faire réaliser l’intervention. C’est particulièrement vrai quand la négativité vient d’un docteur ou d’une consultante en lactation, que la mère considère comme étant des ‘experts’ dans le domaine et dont elle prend en considération l’opinion.

Contrairement à d’autres maladies qui sont perçues comme ayant un impact sociétal important, les études portant sur les freins de langue et l’allaitement n’ont pas de nombreux cas de bébés. Vous ne trouverez pas d’études multicentriques, à double insus faites au hasard qui permettrait de contrôler l’efficacité de l’intervention. Mais cela n’amoindrit pas les corpus existants, et nous examinerons les meilleures études pour démontrer la sûreté, l’efficacité et l’importance de la frénotomie quand l’allaitement ne se passe pas dans de bonnes conditions. Gardant en tête que la majorité des études traitent probablement uniquement de la frénotomie d’un frein antérieur (ignorant le frein postérieur qui se trouve toujours derrière un frein antérieur) il est impressionnant de voir comme ces mamans et ces bébés en tirent des bénéfices. De plus il n’y a aucune étude qui dit que la frénotomie n’aide pas quand l’allaitement ne se passe pas bien – elles montrent toujours une amélioration, peu importe l’objectif final.

Steehler and colleagues (2012) ont rassemblé des données de 367 bébés vus pendant une période de 5 ans qui ont eu des problèmes d’allaitement liés aux freins de langue. 302 ont eu une frénotomie mais seulement 91 ont accepté de participer. 80% de ceux qui ont participé ont dit que l’intervention avait aidé leur bébé à téter. Cette étude est limitée par sa nature retrospective et la moyenne d’âge très faible (18 jours), qui rend l’extrapolation des résultats à des enfants plus vieux difficile. Cela étant dit, l’étude démontre un niveau de satisfaction et de sécurité élevé. Cette étude s’intéresse aux freins de langue postérieurs, en étant donc l’une des rares à montrer que même avec un frein de ce type le bébé peut être traité en cabinet.

Berry, Griffiths, and Westcott ont étudié 57 bébés qui leur ont été référés à cause d’un frein de langue et des difficultés d’allaitement. Les groupes ont été divisés en un groupe de frénotomie et un groupe de non frénotomie pour créer une étude à double insu aléatoire. Les bébés étaient pris, frein de langue coupé (ou non) et rendus à la mère. Des évaluations pré et post traitement étaient réalisées et ceux du groupe non traité furent traités après que les données soient rassemblées. 78% du groupe traité nota une amélioration : de manière intéressante 47% du groupe non traité nota une amélioration aussi, montrant l’importance de la subjectivité. 1 jour après l’intervention, l’amélioration cumulative était de 90%. A 3 mois, 92% notèrent des améliorations continues. Le contrôle à double insu de cette étude est admirable, mais il n’est tel que lors du jour de l’intervention. En réalité, la grande majorité des bébés ne s’améliore pas immédiatement, en particulier avec un frein de langue postérieur. Cette étude ne s’intéresse pas au frein de langue postérieur, ni ne contrôle l’éventuelle subjectivité au-delà du premier jour après l’intervention.

 En  2011, Buryk and colleagues ont publié dans Pediatrics une étude aléatoire sur le même sujet. Ils ont étudié 58 bébés choisis au hasard avec une frénotomie réelle et sans frénotomie. Les bébés qui n’avaient pas été traité le furent dans les deux semaines qui suivirent. Même si on proposa au groupe non traité le même jour, cette étude fit attendre les bébés bien plus que ce que j’estime raisonnable. Au-delà de mes considérations éthiques, cependant, l’étude montre une amélioration dans le groupe de frénotomie en utilisant des mesures objectives pour évaluer la prise du sein et la présence de douleur au sein.

Hogan and colleagues (2005) se sont intéressés à l’association entre des freins de langue et des problèmes d’allaitement d’une manière différente. Ils ont identifié 201 bébés avec des freins de langue et ont déterminé que seulement 88 d’entre eux ont eu des problème d’allaitement. Cette étude souligne mon opinion selon laquelle tous les bébés ayant des freins de langue n’ont pas besoin d’être traités. Ceux qui ne montrent pas de symptôme devraient être suivis plutôt que traités de manière empirique. Parmi les 88 bébés de l’étude ayant des problèmes, 57 furent inclus dans l’étude, 28 bébés furent inclus dans le groupe de traitement, et 96% tétérent mieux.  Les 29 bébés non traités qui servaient de contrôle furent ensuite traités après qu’un traitement intense non chirurgical fut proposé, et 28 des 29 familles demandèrent une frénotomie. 96% de ces bébés montrèrent des améliorations dans la manière de téter.

Sans doute l’étude la plus importante qui a approfondi notre compréhension des mécanismes de l’allaitement est celle du Dr Geddes and colleagues in 2008. Récemment, l’article du Dr Ela fut publiée pour permettre de définir comment les bébés tètent. L’article de Geddes étudia 24 bébés et analysa leur manière de téter avec des radios identifiant la bonne position du mamelon et ce qu’il arrive au mamelon pré – frénotomie et post frénotomie, et surtout, ce que fait la langue du bébé lorsqu’il tète. Cela a redéfini notre compréhension de ce mouvement, passant de la théorie selon laquelle le bébé trayait le lait du sein pour se nourrir à la compréhension actuelle de la génération d’un vide dans la bouche qui fait sortir le lait grâce à une pression négative. Si les docteurs et consultantes en lactation n’arrivent pas à comprendre les implications de cet article, ils vont automatiquement échouer à comprendre pourquoi la frénotomie aide dans le cadre d’un frein de langue. Cet article montre d’un point de vue objectif comment les taux de prise, de douleur maternel, de quantité de lait ingéré et de transfert de lait ont se sont amélioré de manière presque universelle avec les bébés qui ont eu une frénotomie.

Plus tôt cette année (2014), Dr Ochi, un orl pédiatrique de San Diego a mené une étude montrant les améliorations chez 20 bébés ayant subi des frénotomies pour des problèmes d’allaitement. Il a aussi montré l’importance d’utiliser un questionnaire de qualité et vécu de l’allaitement pour mesurer la satisfaction maternelle suite à l’intervention.

Enfin, la meilleure preuve de l’amélioration que l’on peut retrouver chez les bébés vient du Dr. O’Callahan dans son étude de 2013. Il a  300 bébés qui ont eu des frénotomies (ainsi que des frénotomies du frein de la langues pour 37% de ces bébés) pour des problèmes d’allaitement. Plus de la moitié d’entre eux ont répondu au questionnaire post intervention, permettant à cette étude de se baser sur un échantillon conséquent sur le sujet. Pour les mères qui avaient des douleurs d’allaitement, 64% dirent voir une amélioration en l’espace d’une semaine. Malheureusement, le suivi à long terme ne fut pas fait donc les mères et bébés ne purent être fait. Aucune mère ne ressentit plus de douleurs. A peu près 50% des mères qui avaient parlé de difficultés à prendre le sein dirent voir des améliorations une semaine après. L’explication possible pour laquelle il n’y a pas eu plus d’améliorations chez les bébés et qu’un suivi d’une semaine ne fut pas fait, et il est bien connu qu’une sous catégorie de bébés (en particulier les plus âgés) ont besoin de plus de temps pour réapprendre à téter correctement. Je pense que la partie la plus importante de cet article est que seulement 16% des bébés qui avaient des problèmes d’allaitement avaient un frein de langue antérieur type 1 ou 2. 84% avaient un frein postérieur, type 3 ou 4, que l’on sait déjà être le frein de langue qui est souvent non diagnostiqué par les docteurs et consultantes en lactation. Si les docteurs voulaient traiter seulement les bébés avec un frein de langue antérieur, ils rateraient potentiellement 5 bébés sur 6 qui bénéficieraient d’une frénotomie.

Avec le temps, nous aurons davantage de données. Mais à mon avis, il y a suffisamment de preuves pour démontrer que la frénotomie est un traitement très sûr et efficace pour les bébés avec ankyloglossie qui ont des difficultés d’allaitement. Si on demande des études à l’aveugle et randomisés pour chaque maladie, nous n’avancerons jamais. Dans ce sens, on doit marcher avant de pouvoir courir, et dans ce cas, je pense que l’on fait du jogging dans la bonne direction.

 

References

Steehler, MW, et al. A retrospective review of frenotomy in neonates and infants with feeding difficulties. International Journal of Pediatric Otorhinolaryngology 76 (2012) 1236–1240

Berry, J, et al. A Double-Blind, Randomized, Controlled Trial of Tongue-Tie Division and Its Immediate Effect on Breastfeeding. BREASTFEEDING MEDICINE Volume 7, Number 3, 2012

Buryk, M, et al. Efficacy of Neonatal Release of Ankyloglossia: A Randomized Trial. Pediatrics 2011;128;280

Hogan, M et al. Randomized, controlled trial of division of tongue-tie in infants with feeding problems. J. Paediatr. Child Health (2005) 41, 246–250

Geddes, DT, et al. Frenulotomy for Breastfeeding Infants With Ankyloglossia: Effect on Milk Removal and Sucking Mechanism as Imaged by Ultrasound. Pediatrics 2008;122;e188

Elad, D, et al. Biomechanics of milk extraction during breast-feeding. PNAS. 2014 Apr 8;111(14):5230-5

Ochi JW. Treating Tongue-Tie – Assessing the Relationship Between Frenotomy and Breastfeeding Symptoms. 2014 United States Lactation Consultant Association Clinical Lactation 2014, 5(1), http://dx.doi.org/10.1891/2158-0782.5.1.20

O’Callahan, C, et al. The effects of office-based frenotomy for anterior and posterior ankyloglossia on breastfeeding. International Journal of Pediatric Otorhinolaryngology 77 (2013) 827–832

 

 

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