Trois témoignages d’allaitement de jumeaux

 

3 témoignages –

Chloé, Callie  et Emma

J’ai toujours souhaité allaiter et pour y arriver en temps voulu je me suis énormément renseignée et ce bien avant ma grossesse. Lorsque l’on a su qu’elles seraient deux ça n’a pas entaché ma motivation.

Mes jumelles sont nées par césarienne programmée à 37+1sa, Callie pesait 2,5kg et Emma 1,790kg.

Nous avions préparé un projet de naissance qui a volé en éclat, pas de tétée de bienvenue, pas de peau à peau pour nous. Pire encore nous avons été séparées.

Je suis remontée en chambre sans mes bébés. Immédiatement j’ai demandé un tire-lait pour pouvoir lancer la lactation. Tout ce que je réussissais à tirer était fourni en priorité à Emma qui en avait vraiment besoin, autrement elle était complémentée par sonde au lait de femme. Callie, elle, a reçu des biberons de préparation commerciale pour nourrissons, chose que je ne souhaitais pas mais nous avons été prises de court par cette séparation inattendue.

16h après leur naissance j’ai pu récupérer Callie en chambre avec moi, et nous avons immédiatement commencé l’allaitement au sein sans encombre majeur si ce n’est qu’elle n’arrivait pas à prendre le sein droit. L’auxiliaire puéricultrice nous a plusieurs fois conseillé l’emploi d’un bout de sein, ce qu’on s’est empressé d’aller acheter. Je n’ai jamais réussi à le mettre et, finalement, en essayant plusieurs positions nous avons réussi à ce qu’elle prenne les deux seins. J’ai continué à tirer mon lait pour Emma en parallèle, Callie tétait et je tirais mon lait ensuite. J’aurais bien aimé que l’on me dise et que l’on me montre que je pouvais tirer un sein pendant que Callie prenait l’autre… j’y aurais gagné en temps de sommeil et sûrement en quantité recueillie.

Montée de lait à J3, après pesée Callie a perdu 10% de son poids, on me somme de la complémenter, chose que je ne veux pas. Mais après des menaces des auxiliaires puéricultrices “vous voulez qu’elle retourne avec sa soeur en néonat?” je lui donne finalement un peu de complément à la seringue, bien que l’on m’ait dit que “maintenant qu’elle prenait bien le sein je pouvais lui donner au biberon, le risque de confusion étant nul…” Puis on ajoute “vous savez allaiter des jumeaux exclusivement c’est quasiment impossible!” mais je m’y risque pas. 5, 10, 15 ml, déjà trop pour moi. Mais cela n’y changera rien. En fait elle a la jaunisse et cela lui prend énormément d’énergie, surtout cette luminothérapie qui l’énerve. Une fois traitée elle reprend doucement du poids et on commence à me laisser tranquille.

Entre temps Emma est toujours en néonatalogie. Elle y restera 7 jours en couveuse, étant en chaise roulante car dans l’impossibilité de me déplacer jusque là bas de moi-meme, je n’ai pu la voir que 48h après sa naissance, quelques minutes… Le lendemain je peux m’y rendre seule, personne ne me propose de la prendre ni de la mettre au sein, je n’en prend pas non plus l’initiative, je reste choquée devant tout ces équipements qui lui sont reliés.

Maintenant elle boit au biberon, toujours mon lait en mixte avec du lait de femme du lactarium, 50ml/3h, c’est une goulue qui réclame souvent avant l’heure. Une nuit, à J5, une super auxiliaire adepte du maternage et que je ne reverrais malheureusement plus, me propose de la mettre en peau à peau et d’essayer de lui donner le sein, sans succès, elle n’arrive pas à le prendre même avec un bout de sein (dont je ne connaissais pas la nocivité a l’époque!), elle se fatigue vite. Je décide de les laisser gérer son alimentation et on reprendra tout du début lorsque nous pourrons rentrer à la maison.

Une semaine après leur naissance, pour notre plus grand bonheur, nous avons droit à une chambre mère-enfant, en effet elle vient de se libérer et Emma n’a plus besoin ni de couveuse ni de lit chauffant. Mais nous allons vite déchanter. Callie qui est considérée sortante est ré-hospitalisée pour que l’on puisse rester toutes les trois. Emma voit ses rations changer, désormais elle est en mixte de mon lait tiré et de PCN 70ml/4h, elle hurle de faim 1h avant l’heure. Et Callie? Elle peut être allaitée bien sûr! Mais il faut que cela soit chaque 4h également et elle sera pesée avant et après chaque tétée, et prendra la différence de grammes en ml de PCN (si elle prend 20gr après la tétée elle prendra donc 50ml de PCN en complément). Je m’insurge! Elle ne peut pas passer d’un allaitement à la demande à un allaitement toutes les 4h et surtout les compléments et le biberon vont mettre en péril la production de lait. Je pleure, je négocie. On me dit qu’un bébé ne tète pas forcément pour se nourrir et qu’à force elle ne pourra pas digérer. Je leur répond que le lait maternel se digère très rapidement! Je leur demande également comment ils peuvent savoir qu’elle a pris tant de ml si elle a pris 20gr, pour eux cela est évident que c’est équivalent. Pourtant moi quand je mange un plat 250g de pâtes je ne prends pas 250g en sortant de table. On me dit qu’elle doit grossir, je leur répond qu’avec une tétée toutes les 4h c’est certain qu’on y arrivera pas.

Je suis abasourdie de tant de manque de formation dans un service de pédiatrie quand on nous rabâche au quotidien que le lait maternel c’est de l’or et qu’il faut persévérer!

Je reviens en chambre, je suis perdue, j’ai peur. Peur qu’on nous garde en otage indéfiniment si je me braque sur cet allaitement. Je suis le protocole à contre coeur…

Je tire toujours mon lait et il y en a si peu, je ne sais plus quoi faire, je suis en pleurs, pour moi passer à côté de cet allaitement est impossible, j’en ai besoin autant qu’elles. Mes amies me poussent à lui donner le sein en cachette, j’hésite quelques heures, j’ai besoin de parler à une personne compétente en allaitement, j’appelle la maternité pour rester anonyme et demande à parler à une conseillère en allaitement, on me répondra que le personnel soignant a été formé par une conseillère en allaitement et est apte à répondre à mes questions… Si je n’étais pas si mal je rigolerais vraiment. J’appelle une animatrice de la LLL qui essaye de me réconforter et trouver des parades pour au moins arrêter les compléments. J’avais besoin de m’entendre dire que je n’étais pas folle et que je faisais bien. Callie reprend l’allaitement exclusif, sans séquelles heureusement. Lorsqu’on toque à la porte j’arrête immédiatement la tétée et baisse mon t shirt, cela passe pour un câlin… Nous passons en mode “parents modèles”: on ne dit plus rien, on suit le protocole, on maintient toujours la tétée aux 4h avec le complément qui fini dans l’évier une fois qu’on reste seules, Callie prend du poids elle n’en a clairement pas besoin.

Emma reçoit toujours des biberons même si cette solution ne nous plaît pas, surtout elle prend beaucoup de poids un jour puis en perd au lieu d’en prendre le lendemain et ça ne leur plaît pas, ils la gavent comme une oie “on est pas en mode câlin on est en mode…” gavage on a compris… (parole d’auxiliaire puer!)

Les jours passent et je perd un peu plus patience, je veux rentrer et m’occuper de mes bébés tranquillement.

12 jours après leur naissance c’est le cas. Callie pèse 2,5kg et Emma 2,100kg.

Mais nous sommes perdues. Nous passons d’un protocole strict a une liberté totale, nous avons peur qu’elles ne prennent pas assez de poids surtout…

Notre sage-femme libérale passe le lendemain, elles ont bien pris, elle me rassure, on va essayer de lancer l’allaitement pour Emma. On essaye mais elle me regarde de ses grands yeux l’air de dire “Que veux-tu que je fasse avec ça?” La voilà la belle confusion sein-tétine!

Elle m’a ramené un biberon calma et un DAL de medela. On utilise le calma la nuit surtout, il a l’avantage de lui demander plus d’efforts et surtout de la patience puisque le débit est plus lent que ce qu’elle a eu l’habitude d’avoir (cf: le mode gavage) mais je ne le recommande pas pour autant dans un autre cas que le nôtre.

Nous lui donnons le DAL la journée toujours avec mon lait tiré puis complément de PCN, d’abord au doigt pour rééduquer sa succion, puis en alternance doigt/sein. Un jour elle ne veut pas boire à la paille doigt, mais la prend volontiers au sein, chaque étape qui nous rapproche de l’allaitement au sein est une victoire!

Nous resterons ainsi plusieurs semaines, faisant beaucoup de peau à peau et de co-tétées avec sa sœur pour activer le réflexe d’éjection et que cela ne lui demande pas trop d’efforts. Les compléments diminuent doucement, mais psychologiquement j’ai beaucoup de mal à arrêter les compléments tant qu’elle ne fait pas 3kg, puis c’est le cas et maintenant il faut se lancer. Elles ont 9 semaines et ma compagne reprend le boulot, je ne me vois pas gérer un allaitement exclusif au sein et un autre au DAL au sein, je décide de tout arrêter, de nous faire confiance et de lui proposer le sein nu. Mais la réalité nous rattrape, elle se réveille et hurle de faim, n’arrive pas à prendre le sein, j’imagine que cela ne va pas assez vite pour elle. Je lui prépare 60ml de PCN (préparation commerciale pour nourrisson, un autre terme pour lait artificiel) que je lui donne au DAL au sein, elle en prend 30, repousse la sonde et fini au sein le reste de la journée. Idem le lendemain, elle prend 20ml… et n’aura plus jamais de PCN depuis….

C’est tombé sur un pic de croissance et je trouvais cela bien que cela ajuste la production de lait pour deux bébés directement, mais c’est un pic qui a duré 2 longues semaines, avec tout autant de crevasses, mes seins n’ayant pas l’habitude d’une telle sollicitation, et puis j’ai quelques fois eu du mal à bien les positionner seule en ballon de rugby…

Après une pesée nous nous rendons compte qu’Emma n’a pris que 40gr sur les 15 derniers jours, le médecin ne s’en offusque pas, ça me rassure et je me dis que ce pic de croissance a été rude et le fait qu’elle n’ai pas beaucoup pu accéder au lait gras explique cette petite prise de poids. 2 semaines plus tard j’en fais part à ma SF qui la pèse. Elle a repris 500gr.

À partir de cet instant, soit 13 semaines après leur naissance, l’allaitement devient vraiment un plaisir. Je n’ai plus besoin de tirer mon lait, plus besoin de me lever pour donner des compléments, plus besoin de me bagarrer avec le DAL, plus besoin de m’inquiéter pour leur prise de poids. Je n’ai plus qu’à profiter de tout les bienfaits, car cet allaitement a aussi permis de réparer cette longue séparation avec Emma.

Aujourd’hui elles ont 16 mois et sont toujours allaitées! Nous ne nous sommes pas donné de date de fin, j’imagine qu’on est bien parties pour un sevrage naturel.

Je n’ai aucun regret sur le déroulement de cet allaitement malgré ses difficultés je n’en ressort que plus fière de nous, de notre persévérance et avec la preuve que l’amour peut déplacer des montagnes !

Et je ne remercierais jamais assez ma compagne pour son soutien infaillible, la bienveillance et l’accompagnement de ma sage-femme et le soutien de mes amies.

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Pauline

Je voudrais partager mon expérience d’allaitement de jumeaux/prématuré.

Mes pépettes sont nées à 32SA suite à une pré éclampsie sévère couplée d’un Hellp syndrome. Mon état était grave, j’ai directement été transférée en réanimation. Où on me disait que le tire lait n’était pas une priorité, j’étais couchée sondée scopée, je ne pouvais pas bouger d’un cil sans avoir mal à la césarienne.

Mes bébés sont nées avec des poids de 1kg450 et 1kg850.

J’ai commencé à tirer mon lait à J+4… J’ai bien cru que ça ne marcherait jamais. Mais j’ai tout de suite eu beaucoup de lait, par chance. À chaque tirage minimum 150ml, il y en avait beaucoup trop !

Mes filles étaient trop faibles pour prendre le sein, l’une d’elle ne respirait pas seule.

J’ai donc tiré, tiré tiré… Nuit et jour. Même si parfois je n’en pouvais plus, je pleurais en tirant mon lait, je pouvais plus le voir en peinture ce tire lait, je zappais des tirages, j’étais engorgée.. plus d’une fois j’étais à deux doigts d’arrêter, mais j’ai tenu bon .

A la néonat je suis tombée sur des infirmières ultra pro allaitement et d’autres pro biberons.

Quand elles ont commencé à être capables de boire seules, environ 2 semaines et demi après leur naissance, en mon absence. Ils donnaient des biberons. Rien d’autre, pour des ” raisons d’hygiène” …. Alors je passais ma vie là-bas , de 8h le matin à 22h le soir.. mais ça n’a pas suffit, il arriva ce qu’il devait arriver, la confusion..

L’une de mes louloutes ne savait plus du tout téter au sein ! J’ai mis plus d’un mois à rattraper cette satané confusion ! À la maison ça prenait 45 min pour réussir à l’accrocher au sein !! Je ne vous explique pas les nuits compliquées !

Vu qu’à cause de cette confusion elle ne buvait plus correctement au sein elle a perdu du poids. Et là j’ai eu la pression ” C’est utopique d’allaiter deux bébés, passez Jade au biberon ce sera plus simple pour vous, de toute façon dans un mois vous n’aurez plus de lait.. attendez je vous fais l’ordonnance tout de suite pour le lait prématuré…” Bla bla bla. Ça rentrait par une oreille ça ressortait par l’autre.

Ils voulaient m’obliger à la compléter. Je jetais les compléments dans l’évier. On m’obligeait à les peser avant après chaque tétée ,et à les faire téter seulement toutes les 3h. J’ai abandonné le combat avec eux, ça va peut-être vous choquer, mais assez souvent je leur ai menti en disant qu’elles avaient bu 50gr alors qu’elles en avaient bu que 20 ! Mais j’avais CONFIANCE. Je savais quoi faire, c’était instinctif, animal. Et puis ce n’était pas mieux si elles buvaient 20gr toutes les heures au lieu de 50gr toutes les 3h hein ? Bref j’ai vite fait le truc à ma sauce pour qu’ils nous laissent sortir.

Et 5 semaines plus tard nos louloutes sont rentrées. Et c’était nichon party

On faisait du cododo. Un bébé au sein, L’autre dans le lit collé au notre, et quand celle dans le lit avait faim hop j’échangeais. Si les deux bébés voulaient en même temps je réveillais le papa et hop co tétée (ça n’est pas arrivé souvent.)

Les premiers pics de croissance ont été très très éprouvants. Je restai parfois coincée 2h avec les deux bébés au sein, c’est le papa qui me donnait à manger

J’ai eu la chance d’avoir le soutien infaillible du papa.

Elles avaient un gros RGO et je pense que l’allaitement nous a sauvé car elles n’ont jamais eu mal.

Elles ont vite pris beaucoup de poids. La plus petite avait un poids de sortie de 2kg, un mois et une semaine plus tard elle avait pris 1kg500.

Aujourd’hui elles sont toujours au sein. Et on n’est pas prêtes d’arrêter. Je me fais beaucoup juger pour ça, mais je m’en tape.

Elles n’ont presque plus aucune trace de la prématurité, Elles ont eu 10 mois il y a quelques jours. Seule Elia ,la plus petite , pèse seulement 7kg. Mais je m’inquiète pas, c’est une petite crevette en pleine forme.

On me dit souvent que je suis courageuse, mais je réponds que non , je ne me sens pas courageuse pour moi c’est naturel et ça coule de source Aujourd’hui le papa est parti depuis 4 mois bientôt. Et dieu merci l’allaitement fait que je ne lave pas de biberons, je n’en prépare pas, quand on sort Bah c’est presque les mains dans les poches j’ai envie de dire sans parler des économies financières. Et surtout, elles n’ont JAMAIS été malade. Une micro infection urinaire pour une, et un petit nez qui coule quelques fois. Alors que tous les pédiatres m’ont fait affreusement peur, vu qu’une de mes louloutes n’avait pas les poumons opérationnels à la naissance. Mais rien, nada. Tout se passe à merveille !

Toujours se faire confiance, à soi et à son bébé. Et surtout s’entourer des bonnes personnes ! Envoyer balader tous ces pédiatres qui sont incultes et corrompus!

Merci à vous toutes les femmes qui donnent de leur temps pour aider de jeunes mamans dans leur projet d’allaitement. Heureusement que vous êtes là.

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Vanessa

Mes jumeaux sont nés avec 6 semaines d’avance.

La question concernant l’allaitement ne se posait même pas dans ma tête c’était une évidence.

Depuis des générations chaque femme allaite son enfant chez nous. sans exception.

Malgré les beaux discours de la maternité à me dire qu’on allaite pas des jumeaux (Trop compliqué, trop de contraintes et je n’y arriverai pas et de toute façon je ne tiendrai pas le coup…. Et J’en passe). Moi dans ma tête c’était claire jumeaux ou pas c’est allaitement. Et mon homme me soutenait là-dessus (lui même avait été allaité par sa maman et dans sa famille les femmes elles allaitaient).

J’étais déterminée mais loin de me douter que ça allait être aussi compliqué, si chaotique.

J’avais vu toutes les femmes de la famille allaiter mais jamais je m’étais imaginé que la mise en place pouvait être aussi long et aussi difficile. Je n’avais pas fait attention aux éventuels difficultés et personne ne m’en avait parlé lors de la grossesse. Personne ne m’avait prévenu de quoi que ce soit. Et pourtant c’était une grossesse très suivie par toute une équipe médicale.

Souvent dans ma tête je m’imaginais à la naissance où je mettrai mes enfants au sein et ça roulerait comme sur des roulettes. […]

Sûrement pour certaines ça se passait comme ça…mais pour d’autres, comme moi, c’était autrement.

Mes bébés sont nés le 14 février 2017 par césarienne d’urgence.

Du fait de leur prématurité je n’ai eu droit qu’à un petit bisous rapide à chacun avant qu’on me les enlève et qu’on les emmène en néonat pour une prise en charge immédiate.

Leur papa a pu les suivre et rester avec eux.

Moi je n’ai pu les revoir que 24h plus tard.

Je n’étais pas du tout informée sur comment se déroule la montée de lait et comment allait se passer la mise en place de mon allaitement par rapport à notre situation.

Pendant la grossesse j’avais fait savoir à ma sage-femme que je souhaitais allaiter mais on n’ avait pas échangé plus que ça sur le sujet, malgré le fait qu’on avait beaucoup échangé sur la prématurité (J’étais en MAP depuis la fin de mon 5e mois).

À la maternité après mon accouchement on m’a donc donner une ordonnance pour aller chercher un tire lait puisque mes bébés devaient restés en couveuse.

J’avais accouché un Mardi.

Il fallait que je stimule, m’a t’on dit, pour permettre la montée de lait.

J’ai donc commencé à stimuler le jeudi. Toutes les 2-3h je faisais d’une durée de 20min sur chaque sein.

J’avais mal. Ça me brûlait les tétons mais je ne me plaignais pas. Je le faisais pour mes petits amours. Je pensais à eux. Quel qu’en soit la douleur je voulais supporter. Parce que je tenais à les nourrir avec mon lait.

Le vendredi soir je ne me sentais pas bien. J’avais des sueurs froides. Des tremblements.

On me dit c’est peut-être la montée de lait qui n’allait pas tarder. Il fallait se reposer.

En effet le samedi matin au réveil J’avais deux énormes pierres à la place des nichons. Et ils avaient triplé de volume. Voir plus.

Je n’avais pas pris énormément de poitrine durant la grossesse donc je n’avais pas investi dans des soutiens gorge mais là plus aucun ne pouvait les contenir. Ils étaient énormes! Même mon homme en avait peur LOL (le pauvre il avait l’habitude de mon 85B, d’ailleurs c’est lui qui était allé me chercher mes premiers soutien-gorge d’allaitement le lendemain).

Et ça me lançait dans tout les sens. J’avais l’impression de ressentir des douleurs dans chaque canal.

Je monte voir mes bébés et tirer mon lait à l’étage où ils étaient placés.

Enfin quelques gouttes sont sorties. Quelques gouttes de lait de couleur or. Le colostrum.

J’avais un gros pincement au coeur que mes bébés ne puissent pas les boire directement.

Je ne pouvais pas les mettre au sein pour le moment.

On avait même pas eu de peau à peau encore depuis leur naissance. J’attendais Ça avec impatience.

La maternité récoltait mon lait (le peu que je pouvais tirer) et le conservait jusqu’à 48h maximum.

C’était donné aux bébés par une sonde.

Je continuais à stimuler mais impossible de faire diminuer le volume de mes seins.

Et plus le temps passe et plus ils gonflaient et plus j’avais mal.

Et au bout d’un moment le tire lait était devenu mon ennemi. Plus rien ne voulait sortir. Je ne savais plus quoi faire.

Les canaux étaient bouchés, m’a-t-on dit.

Des grosses boules douloureuses s’étaient formées sous mes aisselles.

Il fallait faire une extraction manuelle, m’a-t-on dit.

Je n’étais pas très à l’aise et je n’y arrivais tout simplement pas car cela me faisait horriblement mal de le faire moi-même.

Mon conjoint a essayé de le faire mais me voyant pleurer de douleurs il n’osait plus me toucher les seins.

Je ne m’attendais pas à autant de douleurs. Je ne pensais pas souffrir autant en voulant donner le meilleur à mes enfants.

Je devais supporter dans tous les cas. Quoi qu’il en soit.

Donc une sage-femme est venue masser mes seins sous la douche d’eau chaude.

(Au bout d’un moment on oublie d’être pudique quand on souffre).

Tout ce que je voulais c’était être soulagée. J’étais sur les nerfs. Je n’arrivais plus à tirer. Le tire lait m’avait englouti les tétons qui étaient complètement en sang (Les téterelles n’étaient pas à la bonne taille mais ça je ne le savais pas).

La sage-femme avait réussi à faire sortir quelques gouttes seulement après une bonne vingtaine de minutes. J’étais désespérée de douleurs. J’avais envie de pleurer mais je ne voulais pas craquer. Je devais rester forte pour mes bébés.

Après ça une des puéricultrices m’a parlé de la technique de verre d’eau chaude.

On a donc essayé un verre d’eau chaude et une puéricultrice sur chaque sein.

Ça soulageait un peu mais ce n’était pas fameux dans mon cas.

Puis enfin j’ai pu prendre mes bébés dans les bras….et là miracle !!!!….. mes seins se sont mis à couler comme une vraie fontaine sans qu’on fasse quoi que ce soit. Ce soulagement!!!!

Il fallait donc ce contact avec mes amours, on en avait besoin tous les trois. Tous mes maux se sont envolés sur le moment.

J’avais compris donc l’astuce engorgement = faire du peau à peau ++++ aux loulous et c’était magique à chaque fois, ils étaient devenus mon remède.

Par contre mes problèmes de crevasses étaient toujours là parce que j’avais un rythme assez soutenu de tirage (toutes les 2h et y compris la nuit). Je mettais des réveils la nuit pour également tirer et ensuite le lendemain je dépose tout à l’hôpital.

Lorsque je ne tirais pas je mettais des compresses de mon lait dans du film plastique. Puis je laissais ensuite les seins à l’air le plus possible (dans la maison on pouvait me suivre comme le petit poucet avec mes petites gouttes de lait partout sur le carrelage. Ça faisait rire mon homme quand il passait la serpillière).

Oui car moi j’étais dans ma bulle allaitement + bobo aux seins + bébés & maternage… que le reste à côté n’existait pas.

Heureusement j’ai un homme en or qui gérait tout le reste à côté lorsqu’il était là.

Car oui mesdames dans les difficultés on a besoin de soutien et en premier lieu de notre homme qui nous ramène à boire ou à manger pendant qu’on a les mains occupées à tenir les téterelles ou à donner la tété.

Les crevasses partaient et revenaient sans arrêt (jusqu’au jour où ils sont rentrés à la maison je n’ai plus du tout eu ni crevasses ni engorgement).

Petit à petit j’ai pu mettre les bébés au sein car leur état leur permettait d’être hors de la couveuse. Mais ils n’arrivaient pas vraiment à prendre le sein et ils s’endormaient au bout de 5min.

Une des infirmières m’a filé des bouts de sein (elle a toujours des réserves pour les mamans qui galèrent m’a-t-elle dit).

Mais avec les bouts de sein c’était encore pire mes bébés refusaient le sein. Et ils arrivaient encore moins à téter.

Moi j’étais patiente, je pouvais les garder dans mes bras toute la journée si nécessaire et d’essayer autant de fois que nécessaire. Mais ce n’était pas le cas de l’équipe médicale, “il fallait que les choses avancent”. Ils avaient besoin de libérer les places.

Et c’est ainsi que par soucis de place on leur a donné des biberons pendant mon absence. Lorsque je rentrais à la maison on donnait mon lait dans du biberon. Et la tétine pour les endormir.

C’est pour accélérer leur sortie, m’a-t-on dit ensuite.

“Il fallait qu’ils prennent du poids rapidement”

“De toute façon comment vous allez faire pour donner le sein si les deux réclament ?”

“Comment vous allez gérer les deux au moment de leur repas?”

“Ils sont en état de sortir mais il y a juste la mise en place de la nutrition qui retardé, ainsi deux places pourraient se libérer”

(Quand je pense à toute cette pression que j’avais à ce moment-là, quand j’y repense je bouillonne en moi).

Et pour me justifier la tétine on m’a dit qu’ils avaient un fort besoin de succion à combler.

Je n’étais pas vraiment informée du risque de confusion. Chez nous les bébés ne prenaient pas de tétines et très rarement les biberons donc les conséquences je n’étais pas au courant.

Mais de plus en plus, même lorsque j’étais là on privilégiait les biberons. Les infirmières me donnaient un délai de 10min pour mettre bébés au sein. Après les 10min on passe au biberon s’ils n’avaient pas pris du poids lors des tétés/pesés.

En effet au bout de 10min on les pèse. Ils ont à peine pris 10g. Voir rien du tout. “vos enfants sont flemmards et ne veulent pas téter. Pour qu’ils sortent au plus vite et puissent rentrer chez vous il faut qu’ils prennent du poids. Donc la seule solution c’est les nourrir au biberon ça ira plus vite”

Comme mes bébés avaient du mal avec le bout de sein, je décide donc de ne pas le mettre systématiquement mais du coup lorsque les bébés ne prenaient que 10g “c’est parce que vous n’avez pas mis les bouts de sein. Ils n’arrivent pas à bien téter ” (Alors que je n’ai aucun souci de tétons ombiliqués ou autre).

J’étais face aux doute, avec la fatigue des tirages, les crevasses et engorgements à répétition. J’étais frustrée. Ce n’était pas l’idée que je m’étais faite de l’allaitement.

Je voulais tellement mes bébés au sein.

Mais bon après tout autant qu’ils prennent du poids et qu’ils rentrent auprès de moi et là je pourrai prendre les choses en main au niveau de mon allaitement.

En effet ils ont pu sortir une semaine plus tard (au bout de 6 semaines d’hospitalisation en tout)

À leur sortie je pensais donc les mettre au sein petit à petit.

Évidemment un des deux me refusait le sein du coup. Dès que je lui proposais le sein il hurlait. Très agité. Il voulait le biberon et seulement après il acceptait mon sein, que lorsque son ventre était bien plein, il “tétait” pour s’endormir. Il me faisait une confusion/ préférence biberon. Et de plus il me pinçait le téton lorsqu’il tétait.

Le 2e il voulait mais il ne prenait que lorsque je ne mettais pas de bout de sein. Mais du coup je stresse. Et s’il ne prenait pas de poids sans le bout de sein ?? J’étais dans l’angoisse sur leur prise de poids donc je préférais tirer et donner dans le biberon finalement.

Le rythme devenait lourd pour moi.

Il fallait gérer deux bébés, donc tirer mon lait aussi régulièrement qu’avant je ne pouvais plus. Je n’avais plus le temps. Et puis laver les biberons. Stocker le lait tiré. Jamais j’allais m’en sortir !!!

Même si mon homme m’aidait dans tout (lorsqu’il n’était pas en déplacement professionnel).

On a finalement acheté du lait en poudre (que la clinique m’avait recommandé à la sortie).

J’avais donc gardé le rythme qu’on m’avait enseigné à la clinique (d’abord donner le biberon soit de mon lait ou de LA et ensuite s’ils ont toujours faim on donne un peu de sein.

Et À respecter impérativement le délai de 3h entre chaque tété. Et on les réveille pour manger si au bout de 4h ils ne réclament pas).

Réveiller un bébé je ne voulais pas.

Parce que moi même quand je suis endormie et qu’on me présente à manger devant moi j’ai l’estomac noué et fermé donc je ne voulais pas imposer ça à mes bébés).

Je commençais à ne plus avoir du temps pour tirer donc Ça me déprimait de plus en plus.

C’est ainsi que j’ai décidé de contacter une conseillère en lactation qui s’est déplacé à la maison.

On a retravaillé la mise au sein. Elle est venue plusieurs fois jusqu’à ce qu’elle a senti que je n’avais plus besoin.

Elle m’a donné tout pleins d’infos et conseils qui m’ont redonné espoir (au fond de moi j’étais toujours déterminée mais avec le rythme soutenu je ne savais pas comment m’y prendre et comment m’en sortir).

C’est ainsi que je me suis procuré d’un DAL pour relancer ma lactation. Je mettais les bébés au sein toute la journée avec le DAL.

Très vite J1 a pu se passer du biberon.

Et c’est ainsi que la nuit j’ai pu revivre.

Le cododo. Tété allongé dans le lit. C’est si reposant. Et bien plus plaisant qu’un réveil à 3h du mat à réchauffer un bib (surtout en double pour moi).

J2 avait toujours du mal au niveau de la prise au sein. Il me pinçait toujours.

La conseillère m’avait orienté vers un ostéopathe qui avait l’habitude avec ce genre de problème. Mais elle était sans espoir pour la confusion.

J2 avait un “réflexe nauséeux (comme une déformation du palais. C’est à dire que lorsque le sein va un peu trop loin dans la bouche il a ce réflexe qui se déclenche et moi qui pensais que mon sein le dégoûtait, on a fait 2 séances d’ostéopathe et le problème était réglé).

À partir de là à la maison c’était “Open Nibar”

Je ne comptais pas les heures passées les seins à l’air et en peau à peau avec mes bébés. Des journées entières.

Merci à mon homme de m’avoir nourri pendant ce temps-là. Et de s’être occupé du reste.

C’est ainsi que petit à petit on a pu supprimer les compléments pour les deux Jujus.

Je suis passée en allaitement exclusif ensuite. D’abord pour J1 et deux semaines plus tard pour J2.

Un réel bonheur. Avec mes 85B oui je pouvais nourrir deux bébés. Assez de lait pour des jumeaux. Les doutes s’estompaient au fil des jours.

Je suis passée par des difficultés mais j’ai aussi la chance d’avoir un entourage qui ne m’a jamais mis la pression et à toujours suivi mon envie et mon besoin d’allaiter mes bébés. C’est ce qui m’a permis sûrement de tenir car c’était galère pendant quelques mois.

Ne jamais lâcher.

Chaque problème a sa solution.

Ne pas culpabiliser de délaisser le reste.

Il faut de la patience et de la persévérance. Et ne pas hésiter à faire appel à des gens compétents pour nous aider. Et surtout ne pas croire tout ce que le corps médical veut nous faite avaler.

Aujourd’hui ils ont 8 mois et on est pas prêt de s’arrêter.

To be continued

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