Amélie D., sage-femme, est allée assister à des frénectomies sur des bébés au Cabinet de la dentiste Charlotte Van Belle, à Gand en Belgique. Voici ce qu’elle a observé.
« Pour enrichir ma culture personnelle et afin de pouvoir fournir un meilleur accompagnement à mes patientes, j’ai souhaité aller passer une journée auprès de Charlotte Van Belle, une jeune et pétillante dentiste Belge qui fait des frénectomies au laser à Gand. Elle est à l’heure actuelle, la seule compétente située en Belgique.
Elle exerce dans un bâtiment très récent. Elle a choisi de réaliser ses frénectomies le samedi car le cabinet dentaire est fermé ce qui permet aux mamans d’être à leur aise et de ne pas être confrontées à d’autres patients.
Les mamans disposent d’une salle « personnelle » dès leur entrée et jusqu’à ce qu’elles repartent après la fréno.
Les bébés qui arrivent chez Charlotte lui sont généralement envoyé par des consultantes en lactation de la région et qui travaillent avec elle, par Salma Fikri (chiropractrice qui s’est formée en freins restrictifs), mais également par l’intermédiaire des groupes facebook ‘Allaiter en maternant’ et ‘Frénotomie et Freins : info et support international’. Une fois qu’ils ont contacté par mail ou par téléphone Charlotte, les parents reçoivent un formulaire de consentement et un livret d informations sur les exercices à faire avant (au moins 7 jours) et après la frénotomie.
Charlotte prévoit 1h30 par petit patient. Ce qui lui permet d’accueillir correctement les parents et le bébé, de répondre à leurs questions, de vérifier la bouche du bébé en leur présence, d’identifier avec les parents les freins qui sont restrictifs et de décider ou non de réaliser la frénectomie le jour même ou lors d’un autre rendez-vous. Il lui arrive de reporter une frénectomie si elle estime que le bébé n’est pas près, si les exercices commencés les jours précédents ne sont pas suffisants… ou tout simplement si elle estime que les freins ne sont pas restrictifs. Pendant ce temps également, elle propose à la maman d’allaiter son bébé afin qu’il soit plus serein pour la frénectomie.
Si la décision est prise de réaliser la frénectomie, elle informe alors les parents du déroulement de l’intervention, du risque de saignement,…
Elle demande alors aux parents s’ils sont toujours d’accord et leur proposent de déshabiller leur bébé et de le mettre dans une chaussette d’emmaillotage. Elle emporte le bébé après l’avoir tendu aux parents pour un dernier bisou et conseille à la maman de retirer son haut pour être prête à faire du peau à peau dès qu’elle revient avec le bébé.
Charlotte n’accepte pas la présence des parents lors de l’intervention car elle veut être concentrée sur son travail , qu’elle estime que c’est traumatisant à voir et que cela pourrait interférer avec la production d ocytocine qui est nécessaire pour la mise au sein post frénectomie.
Dans une pièce à l’étage et à l’écart des parents, elle installe le bébé emmailloté sur une table de soin équipée d’un réducteur pour bébé afin de mettre la tête en hyper extension. Elle pose des compresses sur les yeux du bébé avant d’y déposer des lunettes souples pour protéger du laser.
Une consultante en lactation travaille toujours avec elle et c’est elle qui tient le bébé pendant la frénectomie et change de place l’aspiration qui est installée dès le début de l’intervention.
Des photos « avant » son réalisées pour les parents mais également pour le professionnel qui suit l’enfant.
Charlotte utilise un waterlaser qui a une profondeur d’action d 1mm, elle est concentrée sur sa technique mais parle au bébé pendant la procédure. La consultante en lactation fait de même et lui chante une chanson en néerlandais
Charlotte est très humaine, prend en compte la douleur, le stress de ses jeunes patients.
Elle confie être désolée du peu de formation des professionnels ce qui l’amène à faire des frénectomie chez des bébés âgés de plusieurs mois (plus longues et plus compliquées) tant les parents ont fait face à un parcours du combattant avant de trouver l’origine du problème de leur bébé !
Tout au long de l’intervention, Charlotte ne cesse de vérifier les freins avec ses doigts et d’ajuster en fonction.
Une fois terminé, elle refait des photos « après » et déballe le bébé pour le prendre dans ses bras et le bercer quelques secondes avant de le reconduire auprès de ses parents.
Le bébé est directement mis en peau à peau avec sa mère et s’il ne cherche pas le sein, elle montre aux parents les incisions qui ont été réalisées.
Elle incite alors la mère à installer son bébé au sein et explique comment s’est déroulé la frénectomie. Elle explique alors les suites, les étirements (qu’elle appelle stretching) des plaies à réaliser, rappelle l’importance du Tummy Time et de la position Guppy ainsi que l’importance de fermer la bouche du bébé lorsqu’il dort en exerçant une pression sous sa langue et de vérifier que celle-ci reste bien collée au palais.
Elle laisse aux parents et au bébé le temps de se remettre de leur émotions et une fois qu ils sont prêt, ils quittent leur pièce et retourne à l’accueil où travaille Mathias son secrétaire – comptable – agenda – base anti-stress , qui leur fourni alors des gants pour faire les étirements et fixe avec eux un rendez-vous pour la semaine suivante pour vérifier l’avancée de la cicatrisation et voir comment tout le monde se porte.
J’ai trouvé Charlotte vraiment passionnée, impliquée, rigoureuse dans son travail. C’est en toute confiance que je lui confierais mon bébé si un jour j’en avais besoin.
Elle a l’espoir qu’un jour tout le monde soit correctement formé à dépister les freins restrictifs afin qu’ils soient coupés le plus tôt possible dans la vie des bébés. Elle insiste sur la prise en charge multidisciplinaire et les exercices post frénectomie qui sont la clé de la réussite.
Ayant déjà constaté des cas d’aversion suite aux étirements post frénectomie, elle porte son importance sur le Tummy Times, les massages du visage, la position Guppy et surtout, sur le fait de positionner la langue au palais le plus souvent possible et ce au moins une semaine avant l’intervention, car le frein d’une langue qui a pris l’habitude de rester au palais avant la frénectomie aura moins tendance à se rattacher lors de la cicatrisation.
Je remercie encore une fois Charlotte pour avoir accepté que je vienne partager cette journée à ses côtés avec ma meilleure amie et collègue sage-femme Aurélie S.. J’ai beaucoup appris et cette immersion m’a permis de rendre les choses concrètes, ce qui va faciliter la prise en charge et détection des freins restrictifs à domicile. »