Comment est-ce qu’un frein de lèvre affecte l’allaitement de Bobby Ghaheri

Je ne suis ni docteur, ni pédiatre, ni sage-femme, ni consultante en lactation,  je suis une maman.

Je partage ici un article pour que la connaissance des freins serrés/courts et leur impact sur l’allaitement soit davantage connu. Je remercie  le comité de correction de tout cœur.

Article original de l’ORL étatsunien Bobby Ghaheri disponible ici , qui a accepté de partager ses écrits : http://drghaheri.squarespace.com/blog/2014/3/6/how-does-an-upper-lip-tie-affect-breastfeeding

Merci à lui !

La division d’un frein de langue est une procédure très efficace avec la majorité des bébés qui ont une ankyloglossie. Cependant, il y a beaucoup de raisons pour lesquelles une procédure initiale de division d’un frein de langue (une frénotomie linguale) peut échouer à améliorer l’allaitement..

  •       La procédure n’a pas été assez profonde (une fine membrane d’un frein de langue est évidente mais la partie la plus épaisse derrière a été laissé intacte.)
  •       La coupure sous la langue s’est rattachée (elle a cicatrisé trop vite) et la mobilité de la langue est semblable à celle avant la procédure.
  •       Le frein de langue n’était pas le seul problème causant des difficultés d’allaitement.

C’est ce dernier point que j’évoquerai ici. La majorité des professionnels de santé n’ont jamais entendu parler d’un frein de lèvre supérieur (ULT : upper lip tie). Alors que tout le monde a un frenulum de lèvre supérieure, seulement ceux qui ont une restriction de la lèvre supérieure sont définis comme ayant un frein.

J’ai auparavant survolé l’importance du retroussement de la lèvre supérieure lors d’une prise profonde lorsque j’ai montré différents ultrasons qui montrent des mouvement de tétées (ici) n  Le mouvement normal de succion est mieux réalisé lorsque le bébé peut ouvrir en grand sa bouche. Cette grande ouverture est la mieux réalisée quand le bébé est capable de retrousser la lèvre supérieure, permettant à la membrane muqueuse (plutôt qu’à la partie sèche extérieure) d’être en contact avec le sein. Cela permet un meilleure sceau, qui est la première étape pour créer une pression négative pour téter. Quand un frein de lèvre central attache la lèvre vers le bas, ce mouvement est bloqué. Cela a comme conséquence une plus petite bouche et force le bébé à adopter une prise moins profonde du sein conduisant à de nombreux problèmes.

Le frein de lèvre supérieure peut affecter la capacité de bébé à retrousser de plusieurs manières. La première est la plus évidente – plus le frenulum est court et épais, plus il est inconfortable pour le bébé de retrousser sa lèvre, même si la mère retrousse la lèvre de son bébé avec sa main. J’ai vu à plusieurs reprises un bébé avec un frein de lèvre supérieure qui essayait de téter pendant que sa mère essayait de retrousser sa lèvre vers le haut. Quelques instants plus tard soit le bébé se décrochait complètement du sein soit relâchait sa prise afin de permettre à la lèvre de se retourner dans l’autre sens, une position plus confortable pour lui. La mère se plaindra souvent de devoir retrousser la lèvre vers le haut. La deuxième manière dont un frein de lèvre supérieure affecte l’allaitement se base sur la flexibilité musculaire. Pour ouvrir grand la bouche, un bébé sans frein de lèvre supérieure retrousse sa lèvre supérieure jusqu’au nez. Quand il y a un frein de lèvre supérieure, la lèvre est naturellement tournée vers l’intérieur, le muscle autour de la lèvre (le muscle orbicularis oris) ne peut pas être poussé vers le nez. Cela provoque une dose de tension sur le muscle de la lèvre non naturel. Essayez-le-vous-même. D’abord, ouvrez votre bouche aussi grande que vous pouvez. Comparez cette sensation à lorsque vous retournez votre lèvre supérieure vers l’intérieur tout en essayant d’ouvrir grand la bouche. Vous noterez des tensions au niveau de la lèvre supérieure (et non dans le frein de langue lui-même). Un bébé ne peut pas et n’ouvrira pas la bouche en grand si la lèvre est tendue.

Il est important de savoir qu’il n’y a pas d’étude avec comité scientifique qui montre l’efficacité de couper en deux un frein de lèvre supérieure lorsqu’il y a des conséquences sur l’allaitement. Alors qu’il y a des mesures objectives et qualitatives qui essaient d’évaluer le degré des dysfonctionnements de l’allaitement en relation avec un frein de langue, aucune mesure n’existe pour un frein de lèvre supérieure. Beaucoup de docteurs et de consultantes le pointent du doigt et disent que par conséquent il ne faut pas couper un frein de lèvre. Bien évidemment, je ne suis pas d’accord.

  •       En tant que docteur, c’est mon devoir de savoir ce que je peux faire pour aider mon patient (et sa mère). Comme beaucoup de docteurs, je pratique l’art et la science de la médecine en analysant les données disponibles et en les combinant avec ce qui est approprié et sans danger. Cela a pour résultat que je soigne souvent des patients avec des médicaments ou des chirurgies qui n’ont pas été rigoureusement testés par des tests de contrôles multicentriques, faits au hasard par une compagnie extérieure. Comme la plupart des autres docteurs, j’utilise des procédures et des médicaments et les adapte sur mesure aux problèmes spécifiques des patients. Autrement dit, j’utilise mon jugement. Comment peut-on générer des données si l’on ne nous demande pas de s’intéresser de près à la procédure ? La frenotomie du frein de lèvre supérieure ne comporte absolument aucun risque. Les preuves anecdotiques de cela sont abondantes.
  •       Dans un bulletin publié en 2004 par the American Academy of Pediatrics, Corrylos et ses collègues ont écrit: “Un bébé qui ne peut pas retrousser sa lèvre supérieure à cause d’un frein labial peut avoir besoin de modifier sa position pour téter ou de le faire sectionner afin de pouvoir permettre des tétées efficaces. Une mère avec un téton court et un sein non élastique peut même avoir des difficultés à  mettre au sein un bébé avec un tel frein de lèvre. Il se peut que de la même manière un frein serré ou court à la lèvre inférieure cause le même problème en empêchant la lèvre de se retrousser ». Cette manière de penser n’est pas nouvelle, et elle a été reconnue par le AAP.
  •       Dans la meilleure étude portant sur les bébés avec des freins de langue, DR O’Callahan et ses collègues (2013) découvrirent que 37% des bébés avec un frein de langue avaient aussi un frein de lèvre supérieur. Ces freins de lèvre étaient traités en tant que faisant part de l ‘étude. Bien qu’ils n’aient pas été traités en tant que tels et étudiés, cela montre l’importance de traiter le bébé pour augmenter les résultats positifs pour l’allaitement. Beaucoup de ceux qui s’occupent régulièrement de frein de langue pensent que ce nombre sous-estime probablement le nombre de bébés qui auraient besoin d’une frenotomie du frein de lèvre. Mon expérience m’a prouvé l’importance de s’occuper du frein de lèvre lorsqu’il y en a un. L’étude du Dr O’Callahan confirme que c’est important. Je pense qu’ignorer les freins de lèvre à cause du manque d’étude à leur sujet concernant leur impact sur l’allaitement manque d’éthique. Cela augmente les chances que les bébés aient une deuxième frenotomie, tout en prolongeant la durée des problèmes d’allaitement qu’ils ont déjà. Un exemple similaire existe quand un enfant avec de l’apnée du sommeil a de grosses amygdales et végétations. Je ne pense pas qu’il soit pertinent de seulement enlever les amygdales à cause du manque de données disant que les végétations doivent aussi être enlevées. Il faut s’occuper de tout le problème.

 

Mon but est de rassembler tout le monde qui s’implique dans l’amélioration des conditions et de la durée de l’allaitement, de prendre du recul et d’adopter une approche pratique en la combinant avec des connaissances en anatomie. Beaucoup d’entre nous ne savent pas à quoi ressemble la prise idéale. Si un problème anatomique limite la capacité à réaliser cette prise et qu’une procédure simple permet de changer cela complètement, je pense que cela doit être fait. Avec le temps, nous créerons plus de données. Mais je ne permettrai pas au manque de données de me paralyser dans le traitement des bébés et mamans qui ont besoin d’aide maintenant.

 

 

ultrasound studies that demonstrated proper breastfeeding motion.

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