Je ne suis ni docteur, ni pédiatre, ni sage-femme, ni consultante en lactation, je suis une maman.
Je partage ici un article pour que la connaissance des freins serrés/courts et leur impact sur l’allaitement soit davantage connu. Je remercie le comité de correction de tout cœur.
Article original de l’ORL étatsunien Bobby Ghaheri disponible ici , qui a accepté de partager ses écrits: http://drghaheri.squarespace.com/blog/2014/2/20/a-babys-weight-gain-is-not-the-only-marker-of-successful-breastfeeding
Là où j’exerce à Portland dans l’Oregon, j’ai la grande chance d’avoir un réseau important de services auxiliaires qui soutiennent les mère allaitantes assurant un environnement favorable à l’allaitement. Mais d’un autre côté il est frustrant que certaines compagnies d’assurance refusent d’autoriser la libération d’un frein de langue ou de lèvre. Parmi les nombreuses raisons citées est « Pas de problème de prise de poids ».
Ce post va détailler de nombreux problèmes qu’un bébé peut potentiellement avoir lorsque l’allaitement n’est pas optimal, et vous montrera comment le poids est seulement une partie du puzzle. Notre hypothèse est que l’objectif est de maintenir l’allaitement aussi longtemps que possible (il y a de nombreuses études qui nous montrent les effets bénéfiques de l’allaitement sur la santé à long terme lorsqu’un bébé est allaité, plutôt que nourri au lait artificiel.)
Il y a un avantage monétaire à l’allaitement aussi. Une étude de 2009 publiée dans Pediatrics démontrait que des taux d’allaitement bas coûtait aux Etats Unis 13 billion de dollars. De plus, une étude de USDA démontrait que chaque année, 3,6 billion de dollars pourraient être économisés si 50% des enfants étaient allaités pendant au moins 6 mois. De plus, n’importe quelle chose qui raccourcit la durée de l’allaitement coûte aux assurance (et la société) un fardeau financier plus lourd.
- S’endormir au sein – c’est l’un des symptômes les plus communs que je retrouve chez les bébés avec des freins. L’explication la plus plausible est que cela arrive car les bébés avec des freins doivent fournir des efforts bien plus importants pour téter que les bébés qui peuvent téter normalement. Quand cela s’accumule avec des tétées fréquentes (lorsqu’ils ne sont pas entièrement satisfaits avec la tétée précédente) l’énergie devient un problème. Pour ça que les assurances devrait s’en soucier : ce symptôme peut causer la fin de l’allaitement à cause de la frustration ou de la fatigue de la mère.
- Une mauvaise prise – évidemment, si l’anatomie orale du bébé les empêchent de réaliser les mouvements nécessaires pour prendre le sein, la prise peut être anormale de manière visible. Les bébés avec des freins de langue et de lèvre ne sont pas capables d’ouvrir grand la bouche. (Essayez le vous-même – d’abord, ouvrez grand la bouche autant que vous le pouvez puis fermez là. Ensuite tournez votre lèvre supérieure vers l’intérieur, maintenez là et ouvrez votre bouche à nouveau. Vous allez ressentir une tension considérable qui limite votre capacité à ouvrir la bouche). Même si les bébés ouvrent grand et prennent le sein correctement, ce n’est pas une position qu’ils peuvent tenir donc ils glissent sur le téton, ce qui affecte leur capacité à téter. C’est pour cela que les assurances devraient s’en soucier : une prise du sein inappropriée est la cause de nombreux autres problèmes d’allaitement qui peuvent causer un sevrage.
- Reflux et coliques – je ne vais pas prétendre que tous les reflux de bébés et les coliques sont causés par des freins. Cependant, des bébés qui ont des freins de langues ou des freins de lèvre avalant des quantités considérables d’air. Etant incapable de retrousser la lèvre supérieure et de faire ventouse sur le sein avec la langue, la prise est moins profonde, plus comme au biberon. Cela leur fait avaler de l’air. Quelquefois, on entend un claquement ou un son de déglutition. Les parents peuvent souvent sentir ou entendre l’air dans l’estomac de leur bébé, et les rots ne permettent pas toujours de le faire sortir. Cet air peut agir comme un propulseur, causant un reflux silencieux, faisant régurgiter ou vomir en jet. Par conséquent, le bébé peut avoir un inconfort digestif important. C’est pour cela que les assurances devraient s’en soucier : le reflux chez un nourrisson est souvent une raison pour laquelle on lui donne des médicaments. De plus, lorsque les génériques Zantac sont donnés en première intention, beaucoup utilisent ensuite le Prevacid, beaucoup plus cher.
- Mâchouiller ou mordre le téton – Alors que certains le décriraient comme une prise ‘fainéante’, les bébés avec un frein de langue et un frein de lèvre ont parfois l’incapacité physique de ne pas se servir de leurs gencives ou de mordre. Si la lèvre supérieure ne se retrousse pas, la profondeur de la prise est réduite. Si la langue ne peut pas s’élever et enrober le sein tout en faisant coussin sur la gencive inférieure, cela a pour conséquence que le bébé utilise sa gencive inférieure et l’extérieure de la lèvre supérieure pour tenir le sein. C’est pour cela que les assurances devraient s’en soucier : c’est l’une des premières causes des douleurs au sein. Les mères qui ont mal ont beaucoup plus de chance de sevrer de manière prématurée, causant encore une fois des problèmes de santé à long terme (et donc des coûts)
- Ampoules sur les lèvres – quand une prise facile, classique n’est pas possible à cause de l’anatomie, certains bébés très déterminés feront tous ce qu’ils peuvent pour maintenir le sein en bouche. Cela comprend utiliser les deux lèvres comme un poisson meunier. Le témoin le plus courant de cette prise inadéquate que l’on peut trouver est une ampoule sur la lèvre supérieure. Alors que commune lors des première semaines de vie à cause de la fragilité de la lèvre supérieure, je considère que la persistance d’ampoules au delà des premières semaines après la naissance indique la présence d’un frein de lèvre. En examinant les enfants, il est important d’observer les deux lèvres et le gonflement. N’importe quel degré de gonflement de la lèvre inférieure peut faire penser à un frein de langue ou frein de lèvre. Des gonflement le long de la lèvre supérieure (en dehors de l’ampoule/cloque centrale) sont aussi un souci. Rarement, comme montré ici, les ampoules sur les lèvres peuvent être très importantes. C’est pour cela que les assurances devraient s’en soucier : un traumatisme physique sur les lèvres du bébé peut l’empêcher de continuer à téter. Cela peut être douloureux pour lui et causer des douleurs à la mère.
Des ampoules sur les lèvres peuvent indiquer l’incapacité à retrousser les lèvres.
De très importantes ampoules, un cas rare.
- De courts cycles de sommeil – certainement, il y a une multitude raisons pour lesquelles un bébé peut se réveiller et cela de manière normale plusieurs fois la nuit. Je serai le premier à vous dire que je n’ai pas d’étude pour appuyer cette affirmation. Tout ce que je peux dire est que les bébés dorment mieux quand ils sont rassasiés et n’ont pas de reflux. Quand ils ont faim, ils se réveillent. Quand ils ont des remontées acides désagréables, ils se réveillent. Quand un bébé se réveille souvent, les mères dorment moins. La durée des cycles de sommeil augmente parfois après une frénotomie, cela ne devrait cependant jamais être le seul motif pour consulter. C’est pour cela que les assurances devraient s’en soucier : un sommeil perturbé met en jeu l’allaitement. Dans certains cas, un mauvais sommeil accentue une dépression post partum. Les deux peuvent coûter de l’argent.
- Incapacité à garder une tétine dans la bouche – Je ne vais pas parler des arguments contre ou pour l’usage de tétine. Il est fréquent qu’un bébé avec un frein de langue ou de lèvre n’arrive pas à garder une tétine. Cela s’améliore souvent avec la frénotomie. Cela n’a pas grand chose à voir avec les assurances.
Cet enfant a été traité à l’âge de 6 mois. Avant le traitement le bébé avait perdu des percentiles en poids. Malgré que le frein se soit reformé et que cela ait nécessité une deuxième frenotomie trois mois plus tard, ce bébé commença quasiment immédiatement à reprendre du poids. Ce changement en prise de poids suite à la frénotomie est courant chez les bébés qui n’arrivent pas à gagner du poids à cause de frein de langue ou frein de lèvre.
- Prise de poids insuffisante – Ce symptôme est celui qui inquiète le plus les parents et le pédiatre. C’est le symptôme qui convainc les docteurs qu’il faut faire quelque chose, soit en donnant un traitement médicamenteux au bébé, soit en les envoyant chez un spécialiste. C’est aussi le symptôme qui semble intéresser les assurances. Cela peut signifier perdre une quantité de poids importante immédiatement après la naissance (beaucoup considère 10% de perte de poids comme une perte importante). Cela peut aussi se traduire par le fait qu’il faut un long moment au bébé avant de retrouver son poids de naissance. C’est pour cela que les assurances devraient s’en soucier : la perte de poids sape souvent les efforts d’une mère à allaiter exclusivement son bébé. La dépendance au lait artificiel pour retrouver un poids correct augmente les chances que la mère arrête ll’allaitement et/ ou arrête de tirer, résultant en des coûts à long terme pour les assurances.
- Enfin, je pense que nous devrions analyser les différentes raisons de comment un bébé peut gagner du poids quand il a un frein de langue et/ou un frein de lèvre. Au début de l’allaitement, la production de lait peut être suffisamment importante pour permettre au bébé de boire plutôt que de téter. C’est particulièrement vrai lors de la montée de lait ou dans les situations où la mère à une hyperlactation. Quand la demande calorique est plus faible, cette manière de boire est suffisante pour prendre du poids. Les assurances peuvent souvent refuser la prise en charge lorsqu’elle est demandée dans cette période. Mais lorsque le bébé grandit et que la demande augmente, le gain de poids peut ne plus être satisfaisant. Deuxièmement, complémenter soit avec du lait tiré, du lait donné ou du lait artificiel peut être nécessaire pour maintenir un poids correct. Une assurance regardera les chiffres mais ne s’intéressera pas à comment ils ont été maintenus. Je dirais que les bébés exclusivement allaités ont une meilleure chance d’être allaités longtemps que les bébés qui dépendent de lait tiré. Enfin, une mère déterminée peut réussir à allaiter malgré toutes les conséquences néfastes d’un allaitement se déroulant dans de mauvaises conditions, cela parce qu’elle se préoccupe de la santé de son enfant. Cela ne signifie pas que la relation est saine. Se soucier uniquement du poids ne permet pas aux assurances d’avoir une vue d’ensemble.
- Comme je vais vous le montrer dans les posts futurs, il y a des avantages marqués à allaiter plutôt que nourrir au biberon. Je pense qu’il est extrêmement simpliste de penser à l’allaitement uniquement comme une alimentation pour le bébé. Ignorer les symptômes qui peuvent compliquer la prise du sein et empêcher le bébé de se nourrir correctement peut avoir des effets préjudiciables à long terme. On a besoin d’élargir notre compréhension des problèmes d’allaitement pour pouvoir s’en occuper et améliorer les chances de réussir de la dyade.