En anglais on l’appelle le D-MER : dysphoric milk ejection reflex
En général, lors des tétées et des montées de lait, la sécrétion d’ocytocine apporte à la mère des émotions positives, de bien-être et de tranquillité, comme être amoureux.
Mais lorsque l’on a un réflexe d’éjection dysphorique c’est une autre histoire. Lors de la montée de lait, la mère est assaillie des émotions et pensées négatives, qui cessent une fois la tétée finie.
Avant la tétée la mère se sentait bien, et soudainement elle est assaillie par une vague, plus ou moins intense, qui cesse ensuite. Elle peut également en même temps ressentir comme un trou dans le ventre, un sentiment de vide, des nausées, et perdre l’appétit.
Cela cause souvent le souhait de sevrer, car la mère se sent folle et incomprise, personne ne la soutient ni ne la comprend.
I Qu’est-ce que le red ? D’où vient le red ? Comment se manifeste-t-il ?
II Les pensées et émotions liées au red
III qu’est ce qui peut aider
IV ce qui l’empire
V Et après ?
VI Témoignages
Sources et liens
I Qu’est -ce que le red ? D’où vient le red ? Comment se manifeste-t-il ?
- Qu’est-ce que le red ?
Le réflexe d’éjection dysphorique est un phénomène que l’on observe chez les mères allaitantes qui se caractérise par une dysphorie soudaine, des émotions négatives, qui arrivent juste avant la montée de lait et continuent quelques minutes ensuite, elles peuvent être accompagnées de la sensation d’un trou dans le ventre, nausée, perte d’appétit. Le red arrive au moment de la tétée, mais aussi en dehors, lors de montées de lait, seins trop plein, lorsqu’on tire son lait en fonction des femmes.
Il commence à la lactogenesis II, c’est à dire dès la montée de lait qui vient après le colostrum. Certaines mères auront un red qui s’atténuera après 3 ou 6 mois, pour d’autre cela ne changera jamais.
Le red regroupe différents types de sensations négatives et peut varier en intensité.
La mère se sentait très bien avant la montée de lait, et une fois le réflexe passé, elle se sent bien à nouveau. Ces émotions et pensées négatives ne sont pas dirigées vers les autres mais vers elle-même.
C’est une réaction physiologique qui déclenche une réponse psychologique.
- D’où vient le red ?
- a) hypothèse de lien avec la dopamine
Déclenchement la montée de lait induit une baisse de la dopamine, puis une hausse de la prolactine augmente et cela permet de maintenir la production. En parallèle l’ocytocine augmente et le lait jaillit du sein. La supposition est que le réflexe d’éjection dysphorique soit causé par une baisse trop importante ou anormale de la dopamine.
Cela correspondrait à la perte d’appétit et sensation de dégoût qui est liée à la dopamine.
- b) l’histoire personnelle
Une autre hypothèse est que les montées de lait déclenchent de la sécrétion d’ocytocine et des taux élevés d’ocytocine peuvent ramener à la mémoire de souvenirs oubliés d’abus physiques. Les émotions que ressent la maman sont donc des émotions qu’elle a déjà eu.
- c) un mélange ?
C’est un déséquilibre hormonal, avec comme intervenants la dopamine, l’ocytocine, la vasopressine, la thyroïde, l’hypophyse, les amygdales, une histoire d’abus, la maladie mentale, les médicaments utilisés pendant l’accouchement, séparation mère et bébé
Ce que n’est pas un red
Ce n’est pas une aversion de l’allaitement, car dans le cas de l’aversion, celle-ci n’est pas immédiate, elle ne vient pas en même temps que la première montée de lait, mais plus tard, pendant une seconde grossesse, ou un co-allaitement. Avec un red les émotions négatives sont dirigées envers soi-même, avec l’aversion, davantage envers l’enfant le plus âgé.
Ce n’est pas de la dépression non plus car la dépression est un état constant, alors que le red est momentané. Avant la tétée la mère se sent bien, et après celle-ci à nouveau bien.
Pour savoir si c’est bien un réflexe d’éjection dysphorique, on peut poser ces questions à la mère : Qu’est-ce qu’elle ressent ? Combien de temps ça dure ? à quel moment ça arrive ? ça dure dans la journée ? Est-ce aussi le cas lors des montées de lait ou lorsque qu’elle tire ? trou dans le ventre ƒ ? Nausées ?
Les mots utilisés par les mères
Vide – intense – fait comme – secondes – ventre – bouleversant – minutes – s’estompe – sentiments – avant la montée de lait – perte d’appétit – vague – soudain – trou dans le ventre – négatif – douloureux – gorge qui se serre – viscéral
II Les pensées et émotions liées au red
« Qu’est-ce qui ne va pas avec moi, je m’en sors pas, je suis une mère horrible, je crois pas que j’ai fait ça, je suis nulle. »
3 palettes d’émotions et des degrés d’intensité dans chacune d’elles (légère, moyenne, forte)
Première palette : abattue
Mal du pays, nostalgie, mélancolie, tristesse, désespoir. Ou plus fort, répulsion envers soi-même, pensées suicidaires, honte de soi, pensée qu’on est sans valeur, dépression
Mots utilisés par les mères : inquiétude, angoisse, appréhension, malaise, gêne, souci, déprimée, souhait d’être folle, désespoir, découragement, bouleversement émotionnel, épuisement, peur d’avoir échoué, des émotions négatives générales, dégoût, culpabilité, pensées néfastes, sentiment de vide dans l’estomac, mal du pays, désespoir, répugnant, mal à l’aise, incapacité à être à la hauteur, introspection, pensées indiscrètes, humeur sombre, manque d’estime de soi, hypersensibilité, tristesse, dégoût de soi-même, sensation de boule dans la gorge, trou dans l’estomac, honte, pensées suicidaires, sur le point de pleurer, malheureuse, pulsion de partir, sans valeur, indigne, préoccupant.
Deuxième palette : anxiété
Perturbée, anxieuse, incertaines, ennuyée, importunée. Quand intense, paniquée, prise de terreur, irritable et anxieuse
Mots utilisés par les mères : ennui, inquiétude, souci, angoissée, nerveuse, crainte, frustration, impatience, irritabilité, panique, rancune, amertume, agitation.
Troisième palette : agitation
Agitation, colère, détresse, hostilité, paranoïa, tension. Dans ce cas-là il y a plus de chance que la mère projette ses émotions, tienne des propos verbaux en relation avec ses émotions.
Mots utilisés par les mères : agressivité, agitation, colère, détresse, hostilité, paranoïa, tension
III Ce qui peut aider
De l’intérieur, comprendre ce qu’il se passe, être reconnue, en parler, ne plus se sentir seule aide.
De l’extérieur, valider les émotions comme existantes, reconnaître que les émotions sont d’origine physiologiques, soutenir la mère, l’encourager.
Astuces
- S’occuper de soi : bien boire et manger, bien dormir, faire de l’exercice physique quotidiennement
- Distractions pendant la tétée
- Augmenter la dopamine : cure de vitamine d, soleil, vitamine B6, magnésium, probiotiques
- Consommer certains aliments qui agissent sur la dopamine – avocat, Omega 3
- Massages / Acupuncture / chiropracteur
- Médicament : buproprion
- Plantes : la rhodiole, le gattilier, le gingko, le mucuna pruriens
- Boire de l’eau glacée – aide avec la dopamine
IV Ce qui accentue les effets du red
Ne pas savoir ce que c’est, se sentir seule, folle et isolée, ne pas être comprise et soutenue enferme la mère qui allaite et qui a un red. Elle cherchera à sevrer son bébé.
Voici des facteurs aggravants pour certaines femmes (mais pas systématique) :
- Le double pompage
- Le moment du soir avec la fatigue et sensation de vulnérabilité
- Ne pas prendre soin de soi :
- Le manque de sommeil
- La déshydratation
- La caféine, nicotine
- Contraception hormonale et règles
- Le stress
- La metoclopramide : un médicament utilisé pour augmenter la production du lait. Il bloque les récepteurs de dopamine, et cela permet de secréter davantage de prolactine, car la sécrétion de prolactine est bloquée par la dopamine
V Et après ?
Cela peut s’atténuer vers 3 ou 6 mois avec un rééquilibrage hormonal naturel opéré par le corps lui-même. Il est probable que la dopamine retrouve des niveaux normaux. Tout laisse à penser en revanche qu’une fois que le red est là, il se reproduira sur tous les allaitements.
VI Témoignages
« Je souffre de RED depuis la naissance de ma fille qui a 4 mois maintenant. Au début je ne comprenais pas ce qui m’arrivait cette sensation de malaise qui me prenait à chaque tétée accompagnée de nausées, de tristesse, de blues. J’ai mis ça sur le compte du baby blues sauf qu’après ça ne s’est pas calmé au point où j’ai pensé que je devenais folle. Personne ne comprenait pourquoi quand je donnais le sein et que je mangeais je n’arrivais plus à finir mon assiette. La nausée et cette sensation d’angoisse me prenait l ‘estomac et me coupait toute envie de manger. Grâce au groupe j’ai pu savoir enfin ce qui m’arrivait. Ce n’est plus à chaque tétée que j’ai le mal être mais la nausée est toujours présente. J’essaie de donner mon lait le plus longtemps possible à mon bébé même si c’est difficile parfois. » Aida
« Mon red arrive généralement un peu avant ma montée de lait. Je sens une énorme angoisse monter. Elle me prend à l’estomac. C’est comme si j’avais un trou. L’angoisse que je ressens est par rapport au fait de savoir que je vais avoir mal et s’il allait bien vider mon sein pour éviter la mastite. L’angoisse de devoir gérer mes filles pendant les tétées. J’ai aussi eu quelque fois des idées noires. Des envies d’arrêter tout, de partir loin. Surtout pendant les pics de croissance. J’en ai pleuré à cause des sentiments contraires (la joie de pouvoir nourrir son enfant mais aussi toutes les angoisses). Ce qui m’a aidé c’est de savoir que ça a un nom et que surtout je n’étais pas la seule à souffrir de ce RED.
Maintenant ça va mieux car je verbalise et aussi je ne retiens pas trop mes émotions, je décharge au maximum. Je lis beaucoup et j’échange. Mais il y a des fois où ça revient et généralement c’est quand je suis très fatiguée. » Aurélie
Article sur l’aversion ou l’agitation pendant l’allaitement
Sources :
- Before the Letdown : Dysphoric Milk Ejection Reflex and the Breastfeeding Mother by Alia Macrina Heise
- Le Petit Nourri Source 6e édition.
Groupe facebook en français : red – réflexe d’éjection dysphorique https://www.facebook.com/groups/324348311389266/?ref=br_rs
Groupe facebook en anglais : Dysphoric Milk Ejection (D-MER) Support Group https://www.facebook.com/groups/18640836364/
Site de Alia Macrin Heise en anglais: www.d-mer.org