La perte de poids de 10% à la maternité et l’allaitement – Dr Jack Newman

Texte traduit du post du Dr Jack Newman en anglais :

Dans beaucoup d’hôpitaux, une perte de poids de 10% est utilisée comme une mesure adéquate pour savoir si l’allaitement se met bien en place et si le bébé obtient assez de lait au sein. En fait, il n’en est rien.  Cela résulte bien souvent en des bébés qui reçoivent des suppléments, souvent au biberon, et une mère et un bébé qui n’obtiennent pas l’aide nécessaire pour que l’allaitement se passe bien.

Voici quelques raisons :

scale baby

1.Dans les pays occidentaux, une grande majorité des femmes reçoivent durant le travail et l’accouchement des fluides en intraveineuse. Une partie de ces fluides est transférée au bébé et donc le bébé naît ‘sur-hydraté’ ou en ‘surpoids’. Après sa naissance, le bébé commence a éliminer ces fluides et retrouve un état d’hydratation normale. Donc le bébé ne perd pas réellement du poids et il n’est pas correct de se concentrer uniquement sur le poids pour savoir si le bébé se nourrit bien, ou s’il a besoin de prendre des compléments.

2. Si l’on utilise des balances différentes, on obtient des poids différents. Nous avons vu deux balances donner un poids différent de 400 grammes pour le même bébé, pesé à quelques heures d’écart. Dans la majorité des cas, l’écart n’est pas important mais nous avons vu deux balances, du même modèle, de la même marque indiquer une différence de poids de 85g pour le même bébé, et ce n’est probablement pas inhabituel. 85 grammes pour un bébé de 3 kg est presque 3 % de son poids donc un bébé peut perdre 3 % de son poids de naissance en fonction de la balance sur laquelle il est pesé. N’oubliez pas que la majorité des bébés sont d’abord pesés dans la salle d’accouchement et ensuite sur une autre balance dans une nursery.

3.Des erreurs en relevant le poids et en l’inscrivant sont faites de temps en temps. Nous avons des documents concernant un bébé qui pesait 2.58 kg à la naissance et 5h plus tard 3.1kg. Normalement, les bébés ne sont pas pesés toutes les 5h, mais ce qui a dû se passer c’est que quelqu’un a regardé ce bébé à 5h de vie et s’est dit « ce bébé ne peut pas peser seulement 2 ,58kg » et l’a repesé pour vérifier. Mais que se passe-t-il si la démarche était inverse ? Passer de 3,1 kg à la naissance à 2,58 kg 5h plus tard est une perte de poids de 17 %.

4. Il reste la possibilité cependant que le bébé n’obtient pas assez de lait. Puisque les mères reçoivent des fluides pendant le travail et l’accouchement, mais aussi ensuite, elles font souvent de la rétention d’eau et leur corps est rempli de fluides. Non seulement leurs doigts et leurs jambes sont gonflés, mais aussi leur tétons et leur aréoles. Le résultat est que le bébé a des difficultés à prendre le sein et donc ne parvient pas à prendre le colostrum qui est pourtant disponible.

Ce dont le bébé a besoin n’est pas l’administration automatique de compléments, mais d’abord et surtout, il a besoin d’aide pour prendre le sein correctement. Cela suppose de l’aide de la part de l’équipe médicale et des sage-femmes, qui peut être l’assouplissement par contre pression du téton et de l’aréole de telle manière à ce que le bébé puisse prendre le sein suffisamment bien pour obtenir du lait (lien sir l’assouplissement par contre pression : https://www.lllfrance.org/index.php?option=com_k2&view=item&id=1375&Itemid=131 )

Malheureusement, dans trop d’hôpitaux, la première réaction est de donner un biberon de complément au bébé. Et ce qui est sûr, c’est que cela n’améliore pas sa prise du sein.

 

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Les difficultés des débuts de l’allaitement – Dr Jack Newman

Texte traduit d’un article écrit en anglais par le Docteur Jack Newman “Nipple Shields”, Toronto, January 29, 2017

Ce qui cause des problèmes au début de l’allaitement  inclue, comment la manière dont on encadre l’accouchement aujourd’hui, le manque de ‘breast crawl’ (bébé qui rampe et prend le sein de lui même), le manque de peau à peau, la séparation de la mère et de son bébé sans réelle raison, l’utilisation de seins artificiels, des tétées à heures fixes, et l’utilisation du pourcentage de perte de poids pour évaluer la qualité de l’allaitement.

Les bébés vont souvent avoir des difficultés à prendre le sein après l’accouchement à cause de grandes quantités de fluides donnés en intraveineuse à la maman pendant le travail, l’accouchement, et après. Les fluides donnés en intraveineuses pendant le travail et la naissance sont également reçus par le bébé et ont comme conséquence que le bébé est surhydraté à la naissance, donc perd plus de poids et se rapproche des 10% tellement craints de perte de poids (pour lesquels il n’y a pas de base  scientifique d’ailleurs). Et la panique commence à gagner le personnel médical. De plus, les mamelons de la mère sont souvent en proie à un œdème à cause de la sur hydratation et donc le bébé a du mal à prendre le sein. La solution pour résoudre ce problème est d’aider la mère pour que le bébé prenne le sein correctement. Cela peut signifier utiliser le “reverse pressure softening” du sein. Et cela nécessite aussi de savoir comment un bébé obtient du lait au sein. La solution n’est pas un bout de sein.

La forme du mamelon est une excuse fréquente pour utiliser des bouts de sein. Les fluides donnés en intraveineuse sont l’une des causes des ‘mamelons plats’. Une fois les fluides évacués, les mamelons ne sont plus plats, mais cela prend plusieurs jours et c’est trop tard si elle a commence à utiliser des bouts de seins. Une de nos patientes avait déjà un bout de sein installé sur elle alors qu’elle était encore sur la table  d’accouchement, avant même d’avoir essayer de mettre son bébé au sein pour la première fois. Curieusement, avec un peu d’aide à notre clinique, le bébé prit le sein, malgré d’importantes difficultés. Mais il prit le sein et continua d’être allaité exclusivement.

Aucune forme de mamelon ‘plat’, ‘inversé’ – ne doit rendre la prise du sein pour le bébé impossible et être une raison pour utiliser des bouts de sein.

Les raisons les plus courantes pour lesquelles on conseille une mère d’utiliser des bouts de sein sont les suivantes: 1. Le bébé ne prend pas le sein. 2. La mère a des crevasses. 3. Le bébé est né prématuré.

 

Comment faire avec un bébé qui ne prend pas le sein

Certains bébés ne prennent pas le sein depuis le début, et pour des raisons qui ne sont pas évidentes. Il semble que cela a toujours été su. Au début du 19e siècle, Goethe fit un commentaire à ce sujet dans sa pièce Faust où Mephistopheles dit à l’étudiant :

L’enfant auquel le sein de la mère est offert

Ne l’attrapera pas au début

Mais s’y accrochera bientôt avec enthousiasme

Et donc aux seins copieux de la sagesse

Tu boiras tous les jours avec davantage d’enthousiasme.

De nos jours, les pratiques dans les hôpitaux favorisent les solutions instantanées, mais cela doit changer et une atmosphère différente doit être créée, dans laquelle on ne précipite pas les mères et les bébés à la réussite immédiate de l’allaitement.

Il est fréquent que beaucoup de mères aient une intraveineuse pendant le travail, l’accouchement et cela a comme conséquence un œdème des mamelons et auréoles. Cet œdème va disparaître, il faut le prendre en considération et en avoir conscience car cela nous aide à patienter pour ne pas se jeter sur les bouts de sein. Il est fréquent aussi qu’une mère ait une péridurale ou une anesthésie dans la colonne vertébrale. Il y a des données qui démontrent que le bébé reçoit ces produits utilisés pendant l’accouchement et qu’ils occasionnent une confusion ou une somnolence chez eux. Encore une fois, être patient est la clé. Alors quoi faire?

  • Le breast crawl, en peau à peau tout de suite après la naissance, laisser le bébé se déplacer et trouver le sein seul est d’une importance suprême. C’est plus important que peser le bébé, le laver et tous les autres examens médicaux. Cela peut prendre une heure ou plus et bien sûr entre en conflit avec les pratiques et l’ambiance dans les hôpitaux.
  • Même après le breast crawl, les mères et les bébés doivent rester en peau à peau le plus possible
  • On devrait vérifier pour chaque bébé qu’il n’a pas de frein. Cela devrait être fait aussi systématiquement que l’on vérifie que le bébé respire.
  • Dès qu’on s’inquiète au sujet de la prise de sein ou que le bébé ne prend pas assez de lait, le lait maternel devrait être exprimé et donné au bébé à la cuillère ou à la tasse, pas par un biberon ou un bout de sein.
  • Le personnel médical, ce qui comprend les sage-femmes, les infirmières, médecins et consultantes en lactation doivent savoir comment aider un bébé qui refuse de prendre le sein alors qu’il montre des signes de faim. Il y a une ‘vraie’ technique pour aider les bébés à bien prendre le sein.
  • La mère doit être rassurée sur le fait que son bébé va finir par prendre le sein et elle devrait commencer à exprimer son lait à la main, le donner à la cuillère ou à la tasse et on doit lui enseigner la technique pour apprendre à son bébé à prendre le sein
  • Le suivi d’un bébé qui ne prend pas le sein devrait être réalisé par quelqu’un de formé.
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Les bouts de sein – Jack Newman

Texte traduit d’un article écrit en anglais par le Docteur Jack Newman “Nipple Shields”, Toronto, January 29, 2017

L’utilisation des bouts de sein est devenue quasiment une épidémie en Amérique du Nord et en Europe. Ils sont perçus comme la solution à tous les problèmes liés à l’allaitement, de la non-prise du sein par les bébés, aux crevasses, à l’utilisation systématique de ceux-ci pour les prématurés. Même la perception des mamelons de la mère comme étant ‘plats’ a souvent comme conséquence le conseil d’utiliser un bout de sein sans même prendre la peine d’essayer de mettre bébé au sein. Tout cela sans aucune vérification au préalable que les bouts de sein ne posent pas de risque à être utilisés et soient réellement efficaces “proposer des bouts de seins pendant la première semaine après l’accouchement peut sembler une solution facile pour une famille frustrée, mais cette pratique risque d’empêcher une évaluation poussée de la dyade mère-nourrisson pour déterminer ce qui gêne la mise en place de l’allaitement et qui pose problème tel qu’un mauvais transfert du lait, des crevasses, et une diminution de la production. L’utilisation envahissante des bouts de sein au tout début de l’allaitement peut envoyer le message erroné que l’allaitement est une réussite et que le risque est écarté. La facilité avec laquelle on peut se procurer des bouts de sein peut aussi donner l’impression au mères que l’utilisation de bouts de sein est une norme et que l’on a pas besoin de s’en inquiéter outre mesure. McKechnie AC, Eglash A. Nipple shields: A review of the literature. Breastfeeding Medicine 2010;5:309-314

Dans la médecine clinique, il est un fait accepté qu’il faut prouver l’absence de risques et l’utilité d’une intervention, dans ce cas l’utilisation des bouts de sein, avant de la recommander.

Les bouts de sein sont conseillés sans se préoccuper du long terme, non seulement quand on les conseille les premiers jours mais également qu’ils sont conseillés plus tard à la mère dont le bébé ne prend pas bien le sein dû à la diminution de la production de lait. Mais c’est particulièrement insidieux de l’utiliser pour que bébé prenne le sein alors qu’il y a tellement de bébés qui ne prennent pas le sein pendant les premiers jours mais qui vont le faire facilement dès que la production de lait augmente 3 ou 4 jours après l’accouchement. Les questions que l’on ne pose pas sont  :

“Comment une maman dont le bébé utilise un bout de sein va poursuivre son allaitement sur le long terme? “

“Comment une mère dans une telle situation va faire pour arrêter de se servir d’un bout de sein”

“Quel est l’effet de l’utilisation du bout de sein sur la production de lait sur le court et le long terme”

“Quels sont les effets secondaires de l’utilisation d’un bout de sein?”

Et “Que se passe-t-il lorsque les mères de ces bébés quand celles-ci oublient à la maison les bouts de sein avec un bébé qui refuse de prendre le sein autrement?”

 

La question la plus importante est “est-ce que quelque chose pourrait être fait au lieu de donner des bouts de sein”. Je suis convaincu, suite à 33 ans d’expérience passés à aider les mères allaitantes qu’il n’y a rien qui peut être fait avec un bout de sein qui ne peut pas être fait mieux sans. Le problème est que plus les bouts de sein sont utilisés, le moins les gens vont avoir l’expérience d’utiliser ou de chercher d’autres solutions. Et les bouts de sein sont une solution attrayante car cela semble fonctionner rapidement, en effet, immédiatement. On aime les solutions immédiates. Malheureusement, la patience est nécessaire pour résoudre certains problèmes d’allaitement. La mère et la personne qui souhaite l’aider doivent être patients. Il n’y a rien de terrible à attendre quelques jours qu’un bébé prenne le sein, si pendant ce lapse de temps on donne des outils à la mère pour l’y entraîner. Je dirais même qu’une grande part du travail de la consultante en lactation est de conseiller la mère et qu’une partie de ce conseil est d’enseigner la patience et de trouver une solution temporaire qui permettra de réussir l’allaitement sur le long terme. Pour chaque problème pour lequel on donne des bouts de sein, je vais proposer une vraie solution qui prend en compte l’allaitement à long terme.

 

Alors, quels sont les problèmes avec l’utilisation des bouts de sein ?

 

  1. Soyons franc : un bébé qui tète avec un bout de sein ne prend pas le sein. C’est une illusion de le croire. Téter avec un bout de sein n’est pas la même chose que téter directement. Peu importe l’épaisseur du bout de sein, ce n’est pas le sein. Donc pourquoi un bébé semble prendre le sein avec un bout de sein et n’arrive pas à prendre le sein directement sinon? Au lieu d’un bébé qui prend le sein nu, le doux, souple, pliable sein, qui est un processus mobilisant, le bout de sein qui n’est pas doux, souple ou pliable, est en fait poussé dans la bouche du bébé. Le ‘mamelon’ du bout de sein a une texture bien plus rigide que le mamelon de la mère, est plus large et plus long. Le bout de sein transforme le sein en un biberon. Avec un bout de sein dans la bouche, le bébé utilise sa langue et les muscles de ses joues de la même manière que s’il prenait un biberon ou tétait une tétine et pas de la manière dont il téterait au sein. Pour obtenir du lait, le bébé a besoin d’aspirer avec force pour obtenir du lait à partir du sein. Quand il tète directement au sein, il utilise un processus complètement différent. Il stimule le sein pour que le lait en sorte et coule vers lui. Et c’est un fait évident car il est difficile dans la plupart des cas de réussir à ce qu’un bébé qui tète avec un bout de sein prenne le sein directement. S’ils étaient aussi semblables que tout le monde le dit, pourquoi en serait-il alors ainsi?
  1. Il y a des gens qui croient qu’un bout de sein est un outil pour apprendre un bébé à téter. C’est la raison pour laquelle ils sont aussi souvent utilisés avec les bébés prématurés. Mais comme je l’ai dit plus haut, c’est une illusion.
  1. Un bébé qui tète avec un bout de sein ne prend pas le sein. Un bébé avec un bout de sein ne fera jamais ce qu’il est supposé faire s’il tétait. Et faire lâcher un bout de sein à un bébé est très facile, ce qui n’est pas le cas s’il était au sein.
  1.  L’une des raisons les plus courantes qui cause une diminution de la production de lait sur le temps est que la position du bébé et sa prise du sein n’est pas aussi bonne qu’elle devrait l’être. Par exemple, quand un bébé a un frein. Mais avec un bout de sein, le bébé ne tète pas correctement non plus, et donc avec le temps, la quantité de lait produite peut diminuer. La raison pour laquelle cela est controversé et que dans un rare nombre de cas, lorsqu’une mère commence avec une quantité abondante de lait, elle et son bébé vont s’en sortir pendant plusieurs mois, mais si la quantité de lait diminue de manière suffisante, le bébé va commencer à refuser le sein ou devenir agité au sein, avec comme résultat l’introduction de biberons. Cela arrive en général pendant les premiers semaines. De plus, si la quantité de lait produite était si abondante, il aurait été facile d’apprendre au bébé à prendre le sein correctement pendant sa première semaine.
  1. Lorsque le débit de lait est réduit à cause d’un mauvais positionnement, incluant l’utilisation d’un bout de sein, la mère peut commencer à avoir des problèmes récurrents de canaux bouchés, mastites et même abcès du sein. Les canaux bouchés et mastites arrivent au début parce que la mère produit une quantité de lait abondante mais que le positionnement n’est pas bon et que le bébé ne draine pas bien. La même situation se produit lorsqu’un bébé tète avec des bouts de sein.
  2. Alors que les bouts de sein sont sensés aider traiter les crevasses, en fait certaines mères développent des douleurs au sein avec des bouts de sein.
  1. Répétons-le, une fois qu’un bébé est habitué aux bouts de sein, il est difficile pour un bébé de prendre le sein directement. Les mères comprennent d’elles-mêmes que le bout de sein n’est pas l’idéal, mais on leur a peut-être déjà volé leur allaitement. Ceux d’entre nous qui travaillent avec des mères qui allaitent avec des bouts de sein trouvent beaucoup plus difficile de réussir à faire téter le bébé directement au sein que si le bébé avait eu des biberons. Attention, je ne dis pas par là que le biberon est une solution non plus. Plus le bébé est grand, plus c’est difficile.
  1. Un gros problème associé à l’utilisation des bouts de sein est que la mère croit que le bout de sein a réglé ses problèmes et qu’elle n’a plus besoin de faire quoi que ce soit, jusque qu’à ce qu’il soit trop tard. En général, une mère qui vient demander de l’aide, a fait diminué sa production de lait en utilisant des bouts de sein et s’est rendu compte que son bébé s’énerve au sein, n’est pas rassasié et n’obtient pas autant de lait qu’avant. Plus longtemps cela dure, plus il est difficile de remettre bébé au sein. Donc des bouts de sein + une diminution de la quantité de lait à cause du bout de sein est égale à une difficulté de plus en plus importante de faire téter bébé.

Même si certains pensent que les bouts de sein soignent certains problèmes liés à l’allaitement, le risque associé à l’utilisation de bouts de sein (voir au dessus), devrait nous faire réfléchir. N’importe quel traitement médical ou accessoire qui peut causer autant de problème, ne devrait pas être utiliser de manière aussi systématique.

 

Anticiper le ‘besoin’ de bouts de sein

Ce qui cause des problèmes au début de l’allaitement  comprend, comment la manière dont on encadre l’accouchement aujourd’hui, le manque de ‘breast crawl’ (bébé qui rampe et prend le sein de lui même), le manque de peau à peau, la séparation de la mère et de son bébé sans réelle raison, l’utilisation de seins artificiels, des tétées à heures fixes, et l’utilisation du pourcentage de perte de poids pour évaluer la qualité de l’allaitement.

Les bébés vont souvent avoir des difficultés à prendre le sein après l’accouchement à cause de grandes quantités de fluides donnés en intraveineuse à la maman pendant le travail, l’accouchement, et après. Les fluides donnés en intraveineuses pendant le travail et la naissance sont également reçus par le bébé et ont comme conséquence que le bébé est surhydraté à la naissance, donc perd plus de poids et se rapproche des 10% tellement craints de perte de poids (pour lesquels il n’y a pas de base  scientifique d’ailleurs). Et la panique commence à gagner le personnel médical. De plus, les mamelons de la mère sont souvent en proie à un œdème à cause de la sur hydratation et donc le bébé a du mal à prendre le sein. La solution pour résoudre ce problème est d’aider la mère pour que le bébé prenne le sein correctement. Cela peut signifier utiliser le “reverse pressure softening” du sein. Et cela nécessite aussi de savoir comment un bébé obtient du lait au sein. La solution n’est pas un bout de sein.

La forme du mamelon est une excuse fréquente pour utiliser des bouts de sein. Les fluides donnés en intraveineuse sont l’une des causes des ‘mamelons plats’. Une fois les fluides évacués, les mamelons ne sont plus plats, mais cela prend plusieurs jours et c’est trop tard si elle a commence à utiliser des bouts de seins. Une de nos patientes avait déjà un bout de sein installé sur elle alors qu’elle était encore sur la table  d’accouchement, avant même d’avoir essayer de mettre son bébé au sein pour la première fois. Curieusement, avec un peu d’aide à notre clinique, le bébé prit le sein, malgré d’importantes difficultés. Mais il prit le sein et continua d’être allaité exclusivement.

Aucune forme de mamelon ‘plat’, ‘inversé’ – ne doit rendre la prise du sein pour le bébé impossible et être une raison pour utiliser des bouts de sein.

Les raisons les plus courantes pour lesquelles on conseille une mère d’utiliser des bouts de sein sont les suivantes: 1. Le bébé ne prend pas le sein. 2. La mère a des crevasses. 3. Le bébé est né prématuré.

 

Comment faire avec un bébé qui ne prend pas le sein

Certains bébés ne prennent pas le sein depuis le début, et pour des raisons qui ne sont pas évidentes. Il semble que cela a toujours été su. Au début du 19e siècle, Goethe fit un commentaire à ce sujet dans sa pièce Faust où Mephistopheles dit à l’étudiant :

L’enfant auquel le sein de la mère est offert

Ne l’attrapera pas au début

Mais s’y accrochera bientôt avec enthousiasme

Et donc aux seins copieux de la sagesse

Tu boiras tous les jours avec davantage d’enthousiasme.

De nos jours, les pratiques dans les hôpitaux favorisent les solutions instantanées, mais cela doit changer et une atmosphère différente doit être créée, dans laquelle on ne précipite pas les mères et les bébés à la réussite immédiate de l’allaitement.

Il est fréquent que beaucoup de mères aient une intraveineuse pendant le travail, l’accouchement et cela a comme conséquence un œdème des mamelons et auréoles. Cet œdème va disparaître, il faut le prendre en considération et en avoir conscience car cela nous aide à patienter pour ne pas se jeter sur les bouts de sein. Il est fréquent aussi qu’une mère ait une péridurale ou une anesthésie dans la colonne vertébrale. Il y a des données qui démontrent que le bébé reçoit ces produits utilisés pendant l’accouchement et qu’ils occasionnent une confusion ou une somnolence chez eux. Encore une fois, être patient est la clé. Alors quoi faire?

  • Le breast crawl, en peau à peau tout de suite après la naissance, laisser le bébé se déplacer et trouver le sein seul est d’une importance suprême. C’est plus important que peser le bébé, le laver et tous les autres examens médicaux. Cela peut prendre une heure ou plus et bien sûr entre en conflit avec les pratiques et l’ambiance dans les hôpitaux.
  • Même après le breast crawl, les mères et les bébés doivent rester en peau à peau le plus possible
  • On devrait vérifier pour chaque bébé qu’il n’a pas de frein. Cela devrait être fait aussi systématiquement que l’on vérifie que le bébé respire.
  • Dès qu’on s’inquiète au sujet de la prise de sein ou que le bébé ne prend pas assez de lait, le lait maternel devrait être exprimé et donné au bébé à la cuillère ou à la tasse, pas par un biberon ou un bout de sein.
  • Le personnel médical, ce qui comprend les sage-femmes, les infirmières, médecins et consultantes en lactation doivent savoir comment aider un bébé qui refuse de prendre le sein alors qu’il montre des signes de faim. Il y a une ‘vraie’ technique pour aider les bébés à bien prendre le sein.
  • La mère doit être rassurée sur le fait que son bébé va finir par prendre le sein et elle devrait commencer à exprimer son lait à la main, le donner à la cuillère ou à la tasse et on doit lui enseigner la technique pour apprendre à son bébé à prendre le sein
  • Le suivi d’un bébé qui ne prend pas le sein devrait être réalisé par quelqu’un de formé.

 

Comment faire avec les crevasses

 Les crevasses sont quasiment toujours dues à une mauvaise position au sein. Peu importe ce que l’on voit de l’extérieur, si la mère a mal, quelque chose ne va pas avec la manière dont le bébé prend le sein. Une anecdote. Il y a un an environ, je me suis allé voir le petit fils d’une bonne amie à moi. Le bébé avait 36h quand je suis arrivé. La mère commençait à avoir des crevasses et le bébé n’était jamais repu et pleurait constamment. Cela m’a pris 1 minute pour régler le problème en aidant la mère à faire prendre le sein différemment de ce qu’elle faisait jusque là. Je lui montrais aussi comment compresser son sein (lien pour la compression du sein  https://goo.gl/se8Brf ) pour augmenter le débit du lait et pour la première fois le bébé fut repu et calme. Dans la plupart des cas, ce type d’interventions est plus facile à faire que si le bébé avait eu 3 semaines.

Donc, la clé pour éviter des crevasses est de s’assurer que bébé prend bien le sein et qu’il obtient suffisamment de lait. Cela signifie que rapidement après que le bébé soit né, quelqu’un doit observer une tétée et si la mère se plaint de douleurs, quelque chose doit être fait, et cela n’est pas ‘essaie un bout de sein’. Supposant que les freins ont été vérifiés, s’il y en a, ils doivent être coupés sans attendre.

D’autres mesures, telles que l’utilisation de crèmes grasses peuvent être utilisées pour soulager. Les bouts de sein ne sont pas la solution.

 

Comment faire avec les prématurés

Les bouts de sein ne sont pas une méthode qui permet d’apprendre aux bébés prématurés ou aux autres bébés à téter. Les bébés apprennent à téter en tétant et en obtenant du lait du sein.

Des études de Scandinavie mais aussi de Colombie démontrent que les bébés peuvent et devraient être capables de prendre le sein à partir de 27 semaines de gestation environ. L’approche nord américaine de ‘pas de tétées avant 34 semaines de gestation a montré être contre productive pour apprendre à téter aux bébés prématurés. L’idée qu’ils doivent se nourrir au biberon avant de pouvoir se nourrir au sein est pour le moins bizarre . (https://goo.gl/wvUjl3 et https://goo.gl/EaD8Ap )

 

Donc, qu’en est-il des mères qui disent que les bouts de sein ont sauvé leur allaitement?

Je vais me répéter: Il n’y a rien qui ne puisse faire avec un bout de sein qui ne puisse pas être mieux fait sans. Des mesures peuvent être prises pour aider les mères avec les problèmes liés à l’allaitement qui peuvent éviter le ‘besoin’ de bouts de sein. La raison pour laquelle on entend des histoires qui disent ‘les bouts de sein ont sauvé mon allaitement’ est la même que ces histoires ‘quelques biberons ont sauvé mon allaitement’. Cela peut être vrai, mais il y a toujours un meilleur moyen. Pour toutes les mères qui croient que les bouts de sein ont sauvé leur allaitement, il y a une quantité innombrables de mères qui ont expérimentépar une diminution de la quantité de lait, le refus du sein, des mamelons douloureux et un sevrage prématuré. Les moyens que nous utilisons pour aider les mères confrontées avec des problèmes liés à l’allaitement sont importants et devraient être des moyens qui permettent à la mère et au bébé de développer des compétences qui conduisent à une relation d’allaitement longue et heureuse.

 

bouts de sein:téterelle

 

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Le problème avec les bouts de sein / téterelles

Souvent, lorsque la maman est confrontée à des difficultés pour allaiter les premiers jours, on lui propose d’utiliser des bouts de sein, comme étant une solution à ses ‘problèmes’, au lieu de déterminer d’où vient le problème.

  • Bébé n’arrive pas à téter et s’énerve : c’est un problème de position, bébé n’ouvre pas assez la bouche, ne retrousse pas les lèvres. Il a besoin de s’entraîner, qu’on le positionne correctement avec patience, qu’on appuie doucement sur son menton, qu’on lui laisse le temps. A vérifier également sont un blocage éventuel de la mâchoire (ou ailleurs) par un chiropracteur, des freins qui peuvent gêner l’ouverture de la mâchoire.
  • Suite à la montée de lait, ou à l’injection de produits pendant la grossesse, les seins sont très gonflés, les mamelons pas apparents, plats ou ‘rentrés’ , les seins durs. C’est une situation temporaire, et grâce à des massages ou à l’utilisation de chaud (technique du verre d’eau chaude par exemple) on peut désengorger un peu le sein. A savoir que la succion du bébé va dans l’immense majorité des cas faire ressortir les mamelons, même avec des mamelons rentrés.
  • Les douleurs / crevasses : les mamans ne sont souvent pas informées que l’hypersensibilité des seins est normale les premiers jours et que les crevasses sont dues au mauvais positionnement du bébé. Une fois la position corrigée, les crevasses guéries, la douleur disparaît. Allaiter ne fait pas mal et ne doit pas faire mal.

Au lieu d’aider ou de proposer une solution à long terme à la maman, on lui propose quelque chose qui traitera uniquement les symptômes du problème (et encore) et pose un risque réel pour la poursuite de l’allaitement dans le temps.

Le problème avec les bouts de sein et téterelles est qu’ils peuvent causer une confusion sein-tétine, car le réflexe de succion n’est pas le même. Et bébé n’apprend jamais un réflexe de succion correct, car il doit pincer le bout de sein pour obtenir le lait.

La stimulation avec un bout de sein n’est pas aussi efficace que quand la tétée se passe en direct. Par conséquent cela peut faire diminuer la production de lait et entraîner une prise de poids insuffisante, qui stagne, voire qui diminue.

Si on vous dit le contraire, c’est du marketing, on essaie de vous vendre un produit, ou bien, c’est que la personne n’a pas de réelles connaissances en allaitement et n’est pas capable de vous aider autrement, c’est à dire efficacement, car ce n’est pas une solution à long terme.

Extrait de “Fleur de lait”  de Anna Rousseaux-De Leo

bouts de sein:téterelle

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Au sujet du dal (dispositif d’aide à la lactation)

 

Groupe avec des ressources, informations soutien sur l’allaitement ‘Allaiter en maternant’ https://www.facebook.com/groups/122414898390553

Histoire

Fort méconnu, le dal est cependant un outil d’aide à l’allaitement remarquable, pour les bébés fatigués, éviter les biberons, rattraper une confusion, stimuler les mamelons…

Le terme “Dispositif d’aide à la Lactation” a été inventé par le docteur Laure Marchand Lucas qui est consultante en lactation. Le SNS (supplemental nursing system) a été inventé par Medela et est une pâle copie de la version originale, le ‘Lact-Aid’ qui a été fabriqué par une femme qui voulait allaiter ses enfants adoptés. Elle en a adopté trois et les a allaité tous les trois. Elle et son mari sont parvenus à fabriquer ce qu’ils ont appelé le Lact Aid dans les années 70. Quand medela a découvert ce superbe gadget, ils l’ont reproduit. Mais leur dal est en plastique rigide  et la valve est placée en dessous alors que le Lact-Aid était fait avec un sac en plastique souple et la valve se trouvait au-dessus. Le fait que la valve soit en dessous cause un problème avec le débit et la circulation de l’air. Et aussi que l’on peut s’emmêler avec les fils et les casser.

 Intérêt

 

Utilisation

– Le dal est parfaitement adapté aux petites bébés mais peut être utilisé avec les plus grands aussi.
– Le dal doit être placé à la même hauteur que le bébé. Si plus haut le lait coulera trop vite, si plus bas, le lait ne viendra pas facilement.
– Ce n’est pas mentionné dans les instructions mais si l’un des tubes est utilisé et que l’autre est bouché, cela crée un souci au niveau de la circulation de l’air et le lait va être bloqué dans le tube utilisé.
Comme cela ne fonctionne pas, le bébé est frustré et la mère abandonne.
Il suffit en fait de laisser l’autre tube ouvert et de laisser l’air entre , et pour éviter que du lait coule par ce tube–ci, l’attacher avec du scotch avec le bout vers le haut sur le réservoir.

Entretien : Les tubes peuvent être nettoyés avec de l’eau injecté via une seringue,
mais il est préférable de changer les tubulures fréquemment.

 

DAL tout prêt
Si possible se fournir un Lact-Aid via Amalfil peut être une solution, mais il est un peu plus
onéreux que le DAL de Medela, qui est une option décente.

Fabriquer son dal
Il peut se fabriquer à partir d’une sonde gastrique. Le seul CH vraiment adapté à la succion
d’un bébé est le ch5. Avec le ch6 le débit est trop rapide, et un ch4 c’est trop fastidieux pour
bébé pour aspirer. La sonde en vente sur grandir nature ne convient pas par exemple.
Allaitement pour tous’ propose l’envoi de sondes adaptées
https://www.allaitementpourtous.com/dals-sns-lact-aid-dals-fait-maison-lequel-pour-moi.html

En pharmacie
Voici les références pour se procurer une sonde gastrique en pharmacie qui doit être de diamètre
de ch5 sinon le débit est trop rapide. Il faut parfois insister, mais on peut en commander sans ordonnance : “vygon référence 363.062 Longueur 75cm“. Il faut commander un ch5.

un exemple de sonde gastrique achetée en pharmacie

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Fabriquer son dal

Une vidéo pour fabriquer un dal à partir d’une sonde gastrique.Un grand merci à la maman qui a fait la vidéo et a accepté de la partager pour aider d’autres parents.

 

Dal fabriqué avec une seringue

article au sujet de la confusion sein-tétine

article : remédier à la confusion sein-tétine

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Au sujet des paroles dites culpabilisantes lorsqu’on informe sur l’allaitement

Dans les quelques lieux virtuels ou non qui sont sensés soutenir et aider les mamans qui allaitent, je remarque que très souvent, lorsque des informations sont données sur la confusion sein-tétine, le rôle primordial de l’allaitement, la composition du lait maternel et ses spécificités, la non-nécessité de l’introduction d’un biberon etc), de plus en plus de commentaires accusent les premières (celles qui donnent des informations) d’être des extrémistes de l’allaitement, de vouloir culpabiliser les mamans qui font de l’allaitement mixte ou qui ont décidé de sevrer leurs bébés/de ne pas allaiter.
C’est un comble. Car premièrement nous sommes des adultes et lorsque nous prenons des décisions, nous sommes capables de les assumer et de faire la part des choses. Si ce n’est pas le cas, on ne peut pas reprocher aux autres de donner des informations purement factuelles.

Il est normal d’informer et de prévenir des mamans allaitantes des obstacles qu’elles vont peut-être affronter, et comment les surmonter pour pouvoir continuer à allaiter.

Nous sommes dans une société où l’allaitement est minoritaire alors que c’est la norme biologique, et qu’aucun autre aliment n’est autant adapté aux besoins des bébés. Pourquoi?

D’abord parce que quelques scientifiques ont trouvé une formule pour améliorer le lait de vache et en faire un produit ressemblant un peu près au lait maternel qui devait servir aux cas d’urgence et que les industrialistes et lobbies ont vu là une opportunité en or pour faire du profit, en transformant les bébés en consommateurs dès leurs premières heures de vie. Aux yeux des industriels, l’allaitement et l’allaitement prolongé ne sont pas profitables car cela représente pour eux de l’argent ‘perdu’, un ‘manque à gagner’. De là est né un marketing redoutable pour convaincre les mamans que le lait maternel et le lait artificiel sont des équivalents, que donner le biberon ‘libère’ la femme et lui permet de partager les tâches avec le père, qu’un bébé humain n’est pas un petit mammifère et que par conséquent le plastique peut se substituer au contact physique.

Par la suite, les sociétés et institutions, en particulier dans le monde occidental (mais ailleurs également) se sont empressés de se saisir de cette opportunité. Le lait artificiel? Un moyen de dire aux mères qu’elles n’ont pas besoin de rester auprès de leur enfant et qu’elles peuvent retourner travailler dans les jours qui suivent la naissance de celui-ci (c’est le cas dans plusieurs pays) et qu’un vrai congé maternité est absolument superflu. D’où l’absence de politique généralisée pour former correctement le personnel médical pour soutenir et apporter de l’aide aux mamans qui souhaitent allaiter. Mais également la banalisation des échecs des allaitements alors que de fait, rares sont les cas où l’allaitement ne peut vraiment pas fonctionner. De là, les moqueries et le manque de considération pour l’allaitement.

Ils ont bien fait leur travail et réussi en tous points!

Si vous voulez allaiter et que vous rencontrer de terribles obstacles, ne parvenez pas à atteindre votre objectif en termes de durée et de moyens, c’est à eux qu’il faut en vouloir, les lobbies (et leur marketing) et les états et leurs institutions.

Ainsi qu’à toutes ces personnes qui accompagnent les grossesses, naissances et jeunes enfants, et n’éprouvent ni le besoin ni l’intérêt de se former sérieusement pour aider les mamans qui souhaitent allaiter, et se contentent du minimum voire apportent consciemment des informations erronées qui conduisent au sevrage non voulu par la mère, en la décourageant et en détruisant l’estime qu’elle a de ses capacités.

Il n’existe rien de tel qu’une campagne pro allaitement et une campagne pro lait artificiel. C’est ce que les lobbies voudraient nous faire croire pourtant.

Il y a des campagnes pour informer et soutenir l’allaitement, et des campagnes de marketing pour faire vendre un produit.

Aujourd’hui, le premier venu (ou presque) peut vous expliquer comment donner un biberon et vous soutenir en cas d’inquiètude ou de problème, mais rares sont les personnes réellement compétentes pour vous accompagner durant l’allaitement et ses épreuves (oui, il y en a).

On a vite fait de vous décourager, de vous donner des informations contradictoires, de vous faire croire que vous n’êtes pas capable de nourrir votre bébé, qu’il ne prend pas assez de poids et de mettre tous les problèmes sur le dos de l’allaitement.

Tout cela en se déclarant même parfois pro-allaitement! Un titre bien illusoire qu’il est facile de s’auto-attribuer!

Je souhaitais allaiter car c’était important pour moi mais je n’avais pas de ‘vision d’ensemble’ à ce sujet.

Un livre m’a ouvert les yeux et je le conseille à tout-es ‘Le problème avec l’allaitement’ de Jack Newsman. Il m’a fait prendre conscience d’à quel point, qu’on le veuille ou non, l’allaitement est un enjeu politique.

Nous ne nous excusons pas de donner des informations à son sujet ni de soutenir avec des conseils appropriés les mamans. Une fois qu’elle est informée, une mère peut choisir en connaissance de cause ce qui lui convient le mieux et disposer des moyens de mener son projet à bien.

Nous sommes faites pour vivre ensemble, réfléchir et nous soutenir.

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Plus j’en apprends au sujet du lait maternel plus je suis  émerveillée

Traduit de l’anglais : article original de Angela Garbes ‘The More I learn About Breastmilk, the More Amazed I am’ http://www.thestranger.com/features/feature/2015/08/26/22755273/the-more-i-learn-about-breast-milk-the-more-amazed-i-am

Avant d’avoir ma fille, je n’étais pas vraiment intéressée par le lait maternel. Maintenant j’y pense même la nuit.

Vraiment pas assez de personnes connaissent les spécificités surprenantes du lait maternel: il change tous les jours en fonction de signaux produits par le bébé.

Pour produire du lait maternel, les mères font fondre le gras de leurs corps. Vous me suivez? Nous dissolvons littéralement des parties de nous-mêmes, en commençant par le gras gluteal-femoral, autrement dit nos fesses, et le transformons en liquide pour nourrir nos bébés.

Avant et après la naissance de ma fille il y a 10 mois, j’ai été inondée de conseils très directifs bien pensants, de personnels du monde de la santé, d’auteurs de livres pour les parents, de mamans bloggeuses, de journalistes et d’inconnus intrusifs, selon lesquels ‘le lait maternel est le meilleur’. Le message était clair: pour être une bonne mère, il fallait que j’allaite.

Mais allaiter est plus qu’être une bonne mère. Et le lait maternel est bien plus que de la nourriture: c’est un médicament puissant et, simultanément, un moyen puissant de communication entre les mères et leurs bébés. C’est étonnant. Et c’est normal, la recette du lait maternel est développée depuis 300 millions d’années par le corps féminin.

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Allaiter a comme conséquence de meilleures perspectives pour la santé des enfants de manière générale, et c’est pour cela que le World Health Organization et le American Academy of Pediatrics recommandent que les bébés soient allaités exclusivement au moins pendant six mois.

Ces conséquences, cependant, sont relatives: un bébé prématuré dans une unité de soin intensive ou un bébé né dans un village africain rural avec un taux élevé de maladies infectieuses et pas d’accès à de l’eau potable bénéficierait plus du lait maternel que d’un lait artificiel, appelé, Formula, plus qu’un bébé né à terme né dans un hôpital moderne de Seattle.

On nous dit aussi que l’allaitement augmente le QI des bébés et diminue le taux d’obésité infantile, en comparaison avec le lait artificiel. Je comprends que les gens soient séduits par ces idées, mais je n’ai pas prévu d’élever ma fille en lui inculquant que l’intelligence se réduit à un test, ou à mesurer que la santé et la beauté se calculent à partir d’un indice de masse corporelle.

Plus fascinant encore d’après moi sont les faits concernant le lait maternel: il contient toutes les vitamines et les nutriments qu’un bébé a besoin dans les six premiers mois de sa vie (les bébés allaités n’ont même pas besoin de boire de l’eau, le lait leur apporte toute l’hydratation nécessaire) et il a de nombreuses substances anti-germes et maladies qui protègent les bébés des problèmes de santé. Ah, aussi: les composants nutritifs et immunitaires du lait maternel changent tous les jours, en fonction des besoins spécifiques et individuels d’un bébé. Oui, vous avez bien lu, et je vais expliquer comment cela marche dans une minute. Vraiment pas assez d’information nous est apportée par les docteurs, par les consultants en lactation ou par internet au sujet des caractéristiques stupéfiantes du lait.

J’ai fait le choix d’allaiter au même moment où on m’a proposé un travail à plein temps qui consistait à écrire sur la nourriture. Tous les matins à 7h j’allaite ma fille. Au bureau, je tire deux fois par jour mon lait. Quand je rentre, j’allaite, et ensuite à 19h je l’allaite avant qu’elle s’endorme. Quelques soirs par semaine, je mange au restaurant pour le boulot.

Pendant six mois d’affilé, je me suis réveillée toutes les nuits à 3h du matin, et j’ai tiré mon lait pendant une demi heure pour maintenir ma production de lait en prenant de l’avance sur sa demande. (3h du matin est probableement l’heure la plus sombre, solitaire et tranquille de la nuit, mais j’avais le bruit rythmique et rassurant de mon tire lait jaune pâle pour me tenir compagnie.) Pendant les dix derniers mois, il n’y a pas eu une minute de ma vie ou je n’ai pas pensé, écrit, mangé, ou/et produit de la nourriture.

L’alimentation nous rappelle notre côté animal -des humains avec un besoin fondamental de se nourrir, de survivre — mais aussi qui nous sommes en tant que peuple: des individus aves des familles, des parcours, des histoires, des idiosyncracies. Tous les jours, des calories, des vitamines, et même des indices au sujet de la culture dans laquelle je vis, coulent, tombent, goutte à goutte, fuient, et jaillissent de mes seins, salissant mes habits et rendant ma peau collante. Et tous les jours, je me demande ce qu’il se trouve exactement dans cette substance miraculeuse. « On a tendance a sous estimer ce que le lait est », dit Katherine Hinde, une biologiste et Maitre de Conférences au Center for Evolution and Medicine at the School of Human Evolution & Social Change à l’Arizona State University. Elle dirige aussi le très drôle, hautement informatif blog geek ‘Mammals Suck… Milk!’ (les Mamifères tètent… du lait!)

« C’est en partie parce qu’on va au magasin et qu’il y a tout un rayon consacré à l’achat du lait qui est littéralement de la nourriture standardisée et homogénéisée. Cela nous pousse à considérer le lait maternel comme un acquis. »

Mais maintenant, des chercheurs comme Hinde — un mélange de biologistes, scientifiques du laits, microbiologistes, anthropologistes et chimistes de la nourriture — étudient le lait, et le plus ils l’examinent, plus de choses complexes apparaissent.

De manière nutritive, le lait maternel est un aliment complet et parfait, une combinaison idéale de protéines, gras, carbohydrates, nutriments. Le colostrum, le liquide doré épais qui sort d’abord du sein maternel de la mère après la naissance (ou quelque fois quelques semaines avant, comme certaines futures mamans prises de cours pourront en témoigner) est programmé pour être faible en gras mais chargé de carbohydrates et protéine, le rendant facilement et rapidement digérable pour les nouveaux nés qui en ont urgemment besoin. (il a aussi un effet laxatif qui aide le bébé a expulser son premier excrément de taille considérable, une substance effrayante, noire comme le charbon, appelée méconium.)

Le lait maternel arrivé à maturation, qui arrive en général quelques jours après l’accouchement, a 3 à 5% de gras et contient une liste impressionnante de minéraux et vitamines: sodium, potassium, calcium, magnésium, phosphore et les vitamines A, C, and E. Une longue liste d’acides gras comme le DHA (un oméga 3) et AA (un oméga 6) — tous les deux essentiels au développement du cerveau et du système nerveux.

Le principal carbohydrate dans le lait maternel est le lactose, qui apporte de grosses quantités de calories et d’énergie pour alimenter la croissance incessante des bébés. (Non, jeunes parents, vous n’hallucinez pas — votre bébé est devenu trop grand pour ses pyjamas pendant la nuit).

D’autres sucres sont également présents, incluant plus de 150 oligosaccharides (il y en a peut-être plus, les scientifiques commencent tout juste à les comprendre), des mélanges complexes de sucres unique au lait maternel. (Je répète: unique au lait maternel). Ces oligosaccharides ne peuvent pas être digérés par les nourrissons; ils existent pour nourrir les microbes qui peuplent le système digestif des bébés.

Et au sujet des microbes, il y en a énormément dans le lait maternel. Le lait humain n’est pas stérile — il est plein de vie, rempli de bonnes bactéries, comme les yaourts, les pickles et kéfirs, qui sont naturellement fermentés, et qui maintiennent un fonctionnement correct de notre appareil digestif. Donc non seulement le lait maternel contient des bactéries pour aider un bébé a digérer la nourriture, mais aussi la nourriture pour que les bactéries prospèrent. Une mère allaitante ne maintient pas juste un organisme en vie, mais en fait un millier d’entre eux.

Comme un verre de vin rouge, le lait maternel a une couleur et une apparence immanquable, mais il possède une variété de saveurs qui reflète son terroir — le corps de la mère. Et il se trouve que tout comme un superbe plat, le lait maternel a des arômes, des saveurs, des textures fort variés.

Les saveurs du lait maternel sont aussi dynamiques que le régime alimentaire d’une mère. Dans les années 70, des chercheurs de l’université de Manitoba avaient recueilli des échantillons de lait maternel de mères allaitantes et firent évaluer leur goût, l’intensité du goût sucré et la texture par un panel entraîné. Il y avait des variations parmi tous les échantillons dans toutes les catégories, en particulier dans le lait d’une femme qui avait récemment mangé de la nourriture épicée et dont l’échantillon avait été décrit par les goûteurs comme ‘épicé’ et ‘pimenté’.

Les saveurs de la nourriture avalée par les mère allaitantes — kimchi (légumes fermentés-plat coréen), carottes, menthe, roquefort- sont transmises dans le lait maternel et goûtées à leur tour par leur bébés.

Basée sur une recherche plus récente, Julie Mennella du Centre Monell Chemical Senses à Philadelphia est convaincu que ces expériences précoces apportées par l’allaitement aident les nourrissons à développer leur propre goût, ainsi qu’à augmenter leur préférence pour certaines saveurs.

« Les types et l’intensité des saveurs goûtés à travers le lait maternel est probablement unique pour chaque nourrisson et sert à identifier la culture dans laquelle l’enfant est né », écrit Mennella.

Je trouve cela excitant. Mon travail me permet d’explorer la diversité de la nourriture à Chicago, et mon corps permet à mon bébé de faire la même chose. Ma fille commença à goûter la nourriture solide à 5 mois, et depuis, pour mon plus grand plaisir, elle a englouti avec avidité des côtes de porc fumées par son grand père, des courgettes grillées venant de Local Roots Farm, des léchons et bagoong au diner Food & Sh*t pop-up à Beacon Hill, du saumon royal Neah Bay à Capitol Hill’s Marjorie, des hush puppies (balles de farine de maïs) grillées à Jackson’s Catfish Corner dans la Rainier Valley.

J’adore l’idée que même avant sa première rencontre avec la nourriture solide, ses papilles gustatives avaient déjà commencé à lui dire qu’elle fait partie d’une ville peuplée de plusieurs nations, d’une maison qui soutient les fermiers locaux, et d’une famille philippine avec un amour profond du porc et de la crevette fermentée.

Tout aussi excitant que la possibilité que le lait maternel aide ma fille à développer un appétit sain dans le futur, il y a aussi la réalité concrète que cela l’aide à avoir une vie plus saine en ce moment même, et que sans que je le sache, mon lait s’adapte déjà à ses besoins.

Les bébés allaités ont moins de rhumes et de virus. Quand ils tombent malades, ils guérissent souvent plus vite parce que le corps de la mère produit des anticorps spécifiques pour contrer l’infection que le bébé a. C’est une idée qui m’a tenu éveillé pendant des heures la nuit. Comment est-ce qu’exactement mon corps est-il capable de faire une ordonnance pour la maladie de ma fille sans faire de diagnostique?

Quand je demande à Hinde, elle s’arrête, regarde droit dans l’interface de son skype installé sur l’ordinateur et directement dans mes yeux et à travers mon âme, et dit « Si je te dis, tu ne pourras jamais ne plus le savoir. Es-tu sûre? » (réponse: ouiiiiii)

D’après Hinde, quand un bébé tète au sein de sa mère, un vide se crée. Lors de ce vide, la salive du nourrisson est aspirée à l’intérieur du sein, à l’intérieur duquel les récepteurs de la glande mammaires lisent ses signaux. Ce crachat à contrecoup ‘baby spit backwash’ comme elle le décrit avec délice, contient des informations sur le statut immunitaire de l’enfant. Si les récepteurs de la glande mammaires détectent la présence de pathogènes, ils poussent le corps de la mère à produire des anticorps pour les combattre, et ces anticorps voyagent à travers le lait maternel jusque dans le corps du bébé où ils vont s’attaquer à l’infection.

Etant un médicament, le lait maternel est aussi une conversation privée entre la mère et l’enfant. Alors que ma fille manque de mots, l’allaitement lui permet de me dire exactement ce dont elle a besoin. Les messages que nous nous envoyons sont littéralement faits de parties de nous mêmes et nous disent ce qu’il se passe dans nos vies au moment mêmes où nous les échangeons.

Même avant que les bébés aient un concept de temps, le lait maternel les aide à différencier certaines heures par rapport à d’autres, la nuit de la journée.

« Le lait est si incroyablement dynamique » dit Hinde. « Il y a des hormones dans le lait maternel, et elles reflètent les hormones dans la circulation sanguine de la mère. Celles qui aident à dormir ou à rester éveillé sont présentes dans notre lait. Et le lait de jour a une composition hormonale complètement différente du lait de nuit ».

La lait maternel informe les bébé non seulement du présent, mais aussi du passé. Revenons à la combustion du gras. Hinde explique que les mères qui sont devenues végétariennes adultes mais qui ne l’étaient pas adolescentes, et mangeaient de la viande alors, ont mis en réserve des acides gras qui sont spécifiques aux animaux. Quand elles mobilisent ce gras pour produire du lait, les bébés reçoivent ces nutriments.

« Il y a des information au sujet de toute l’étendue de votre vie dans votre lait », dit Hinde. « Le lait raconte au bébé le monde dans lequel sa mère a vécu ».

Mais encore plus loin que le monde dans lequel j’ai vécu, je suis bouleversée par l’idée que, sans mots, je raconte à ma fille des choses à propos de moi, ma vie.

Le lait maternel renvoie aussi à un futur avec des possibilités excitantes. Récemment, des chercheurs ont découvert que des cellules souches pluripotentes, des cellules souches qui ont la capacité de former n’importe laquelle des plus de 200 différents types de cellules que l’on trouve dans le corps humain, sont présentes dans le lait maternel. Le seul autre endroit où ces cellules souches ont été trouvées est dans le tissu embryonnaire.

« Il y a beaucoup de problèmes éthiques avec les cellules souches embryonnaires », dit Hinde. « Mais le lait maternel pourrait devenir une source de cellules embryonnaires qui pourraient potentiellement être transformées en n’importe quelle cellule du corps. Il y a un énorme potentiel pour la médecine régénérative ».

Et tandis que la science est encore loin de pouvoir fabriquer et faire pousser de tissus de remplacement pour les gens avec des maladies dégénératives, on peut en parler grâce au lait maternel.

« Cela ressemble a de la science fiction, mais ce sont des choses qui sont maintenant dans l’ordre du plausible », dit Hinde.

Pour atteindre ce futur, notre société devra donner une réelle valeur au lait maternel. Mais tel qu’est son statut actuel, il y a beaucoup d’obstacles économiques, culturels et politiques qui s’interposent entre la bouche d’un bébé et le sein de sa mère.

Pendant le 20ème siècle aux États Unis, le féminisme, aidé en partie par le côté confortable du lait artificiel, a permis d’amener plus de femmes dans le monde du travail. Alors que c’était une bonne chose pour l’égalité des sexes, cela a fait perdre l’intérêt pour le lait maternel, signifiant que les institutions médicales et gouvernementales s’en désintéressèrent aussi.

« Vous avez deux générations qui ont perdu le savoir culturel et le capital social de cette information », dit Hinde. « Nous sommes aujourd’hui aux prises avec l’érosion du savoir social et des réseau de soutien social qui facilitent l’allaitement et l’information sur ce qu’est le lait maternel ».

Il y a un regain dans la remise en avant/priorité de l’allaitement parce que nous sommes certains que c’est ce qu’il y a de meilleur pour les bébés, toutes les autres choses étant équivalentes.

Mais quand est-ce que tout peut être équivalent ?

J’allaite parce que je suis chanceuse, j’ai le choix et j’en suis physiquement capable. J’ai un mari qui me soutient, une mère incroyable qui garde sa petite fille 3 jours par semaines gratuitement et un lieu de travail qui me permet de me servir du droit d’allaiter tel que décrit dans le Affordable Care Act (je vous le rappelle, mamans, vous avez le droit à ces choses: un temps de pause raisonnable pour tirer votre lait pendant un an après la naissance de votre enfant à chaque fois que vous ressentez le besoin de tirer votre lait, et un endroit où le tirer, autre que les toilettes, qui doit être abrité de la vue et pas sujet à des intrusions de collègues ou du public).

Mais beaucoup de femmes n’ont littéralement pas les moyens de travailler et d’envoyer leurs enfants dans une crèche, puisqu’elles ne peuvent pas trouver un travail qui paye suffisamment pour couvrir le coup de celle-ci. Et certaines mères rencontrent de l’opposition quand elles essaient de faire respecter leur droits contenus dans le Affordable Care Act.

Il y a bien plus en jeu que la santé des nourrissons. « L’allaitement est l’une des clé des interventions sur la santé publique », dit Hinde. « Parce que nous savons que beaucoup de notre métabolisme, neurobiologie et fonctions immunes sont déterminées en grande partie par cela- et que cela a une influence tout au long de notre vie sur comment notre corps fonctionne ».

Nous savons maintenant que l’allaitement peut aider les enfants à éviter les maladies qui se manifestent plus tard dans la vie, comme le diabète de type 2 et un cholestérol élevé. On sait aussi que les Afro Américains ont 2,2 fois plus de chances que les Caucasiens de développer un diabète de type 2, alors que les Amérindiens ont 2,8 de chances de plus. Les Afro Américains et les Amérindiens ont les plus faibles taux d’allaitement parmi tous les groupes ethniques et raciaux des États-Unis.

Aujourd’hui, nous manquons de structures de soutien au niveau sociétal, institutionnel et culturel pour aider les mères atteindre leur objectifs liés à l’allaitement. Si on dit aux mères qu’il faudrait qu’elles allaitent exclusivement pendant six mois, donc on devrait leur donner — au minimum — la même durée, six mois, de congés payés. Il semble que tout ce qui est lié avec l’allaitement, qui prend facilement huit heures par jour les premiers mois, est en opposition avec un travail à plein temps.

Quelles sont les histoires racontées par nos corps qui se perdent quand nous sommes forcés à passer tous les jours séparés?

Ma fille est née sous la couverture grise de l’automne de Seattle, mais maintenant elle mange de la nourriture solide. Je l’imagine comme un bébé d’été. Elle a été obsédé par les nectarines Yakima et les cerises, de même que par les fraises Skagit et les myrtilles de début d’été. Sa première tomate — une petite belle Sweet 100 cueillie dans notre jardin — était encore chaude des rayons de soleil quand elle l’a croquée, faisant giclé les pépins et le jus sur ses habits et son visage. Elle semble aimer le gout des prunes italiennes que notre voisin John nous laisse cueillir sur son arbre, violettes comme des bleus, encore plus que je les aime moi.

L’allaitement est une relation intense, mais finalement une qui ne dure qu’un court lapse de temps. Plus ma fille mange, moins elle tète. On lui a proposé du lait de vache la semaine passée, et elle semble à peine faire la différence.

Le weekend dernier, pourtant, elle a eu une fièvre de 40° degré. Elle était mal, incapable de dormir et désintéressée par le fait de manger, même les mûres adorées que nous ramassons sur les branchages à quelques pâtés de maison de chez nous. Elle a tété à la place.

Alors que je la tenais contre moi, son corps fier et fragile, j’essayais d’imaginer sa salive entrant mon corps, mes glandes mammaires l’interprétant, mon corps produisant le médicament, ma poitrine donnant une défense contre ce contre lequel elle se battait. Et bien que je comprenais ce qu’il se passait, je ne ressentais pas quelque chose de différent, juste la même chatouille douce et familière de sa langue contre mon téton.

Depuis le moment où ma fille est sortie de mon corps, j’ai compris qu’être mère serait un long processus de séparation, de lâcher prise. Mais dans ce moment là, je me rapprochais d’elle. Je me penchais en avant, comme si j’allais entendre son corps murmurer quelque chose au mien.

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Le lait maternel et la salive de bébé

article traduit de l’anglais

article original de Katie Hinde ‘Breast milk and Baby Spit’ : http://mammalssuck.blogspot.fr/2016/01/breast-milk-baby-spit.html

L’été dernier, Angela Garbes m’a interviewée pour écrire un superbe article : le plus j’en apprend au sujet du lait maternel, le plus je suis émerveillé. Un sujet dont nous avons parlé est une chose qu’il est impossible de désapprendre : le back spit backwash (réflexe d’aspiration de la salive). Pendant l’interview, j’ai souligné que la salive du bébé provoque une augmentation des facteurs immunitaires dans le lait est une hypothèse, mais voici ce qui a été prouvé.

1) Les mères ont une augmentation de facteurs immunitaires dans le lait maternel lorsque les bébés sont malades (alors que les mères ne le sont pas)  (Hassiotou et al. 2013; Breakey et al. 2015).

2) Lorsque les bébés tètent, le diamètre du mamelon augmente et il y a un vide créé par une pression négative, apportant des fluides venant de la bouche de l’enfant – un mélange de lait et de salive- à l’intérieur des canaux lactifères. A savoir que le terme technique est ‘retrograde milk flow’ (flux de lait inversé) (Geddes et al. 2008; Geddes 2009; Geddes et al. 2012; Ramsey et al. 2004).

3) Le lait est vivant – avec des cellules immunitaires, des cellules souches et des microbes appartenant au bébé et à la mère. (Hassiotou et al. 2013, Funkhouser and Bordenstein 2013)

De plus, ce que nous connaissons de l’anatomie et de la physiologie des glandes mammaires et de la réponse immunitaire indique que la salive du bébé stimule une réponse immunitaire n’est pas tiré par les cheveux.

En fonction de la maladie, les bébés se débarrassent des agents pathogènes à travers les membranes muqueuses – des saletés respiratoires qui cheminent à travers des nez qui coulent et des bouches qui toussent – se mélangeant dans la salive et la morve lorsque les bébés prennent le sein en bouche pour téter. Ces sécrétions nasales et orales du bébé entrent dans les canaux lactifères du sein emmenant des agents pathogènes avec eux.

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peinture de Kd Neely

Et un composant fondamental d’un système immunitaire qui fonctionne correctement est que l’exposition à des agents pathogènes provoque une réponse immunitaire. Comme toute mère qui a rencontré des mastites peut vous dire, une réponse immunitaire de la glande mammaire est très importante. Et la sélection naturelle a peut-être favorisé une augmentation des molécules immunitaires dans les glandes mammaires et dans le lait parce qu’ils fonctionnaient pour protéger la glandes mammaires, protéger le bébé, ou protéger à la fois les glandes mammaires et le bébé.

Le lait maternel est plein à craquer de molécules immunisantes. Les bébés dépendant du parapluie immunitaire du lait maternel alors que leur propre système immunitaire est en construction et fragile – c’est ce qui fait que le lait maternel n’est pas juste de la nourriture, mais aussi un médicament.

Mais soyez prêt à être encore plus surpris !

Lorsque le lait maternel est mélangé avec la salive du bébé, une réaction chimique se met en place, qui produit de l’hydrogène peroxyde. Oui, le mélange du lait maternel et de la salive du bébé produit une réaction suffisante pour ‘inhiber la croissance de pathogènes opportunistes Staphylococcus aureus et Salmonella spp’ (Al-Shehriet al. 2015) tout en provoquant la croissance de bonnes bactéries. Est-ce que la salive d’adulte mélangée avec du lait maternel crée la même réaction ? non, juste celle du bébé peut le faire.

C’est juste l’une des milliers de manières qui démontre que le lait maternel est un processus biologique dynamique, pas simplement un repas au sein (Raju, 2011).

Pour faire court, le lait maternel et la salive du bébé sont une belle équipe.

Les références:

Al-Shehri, Saad S., et al. “Breastmilk-Saliva Interactions Boost Innate Immunity by Regulating the Oral Microbiome in Early Infancy.” PloS one 10.9 (2015): e0135047.

 

Breakey, A. A., Hinde, K., Valeggia, C. R., Sinofsky, A., & Ellison, P. T. (2015). Illness in breastfeeding infants relates to concentration of lactoferrin and secretory Immunoglobulin A in mother’s milk. Evolution, medicine, and public health, 2015(1), 21-31.

 

Funkhouser, L. J., & Bordenstein, S. R. (2013). Mom knows best: the universality of maternal microbial transmission. PLoS Biol, 11(8), e1001631.

 

Geddes, Donna T., et al. “Tongue movement and intra-oral vacuum in breastfeeding infants.” Early human development 84.7 (2008): 471-477.
Geddes, Donna T., et al. “Tongue movement and intra-oral vacuum of term infants during breastfeeding and feeding from an experimental teat that released milk under vacuum only.” Early human development 88.6 (2012): 443-449.

 

Geddes, D. T. (2009). Ultrasound imaging of the lactating breast: methodology and application. International Breastfeeding Journal, 4(1), 1.

 

Hassiotou, F., & Geddes, D. (2013). Anatomy of the human mammary gland: Current status of knowledge. Clinical anatomy26(1), 29-48.

 

Hassiotou, F., Hepworth, A. R., Metzger, P., Lai, C. T., Trengove, N., Hartmann, P. E., & Filgueira, L. (2013). Maternal and infant infections stimulate a rapid leukocyte response in breastmilk. Clinical & Translational Immunology2(4), e3.

 

Hassiotou, F., Geddes, D. T., & Hartmann, P. E. (2013). Cells in Human Milk State of the Science. Journal of Human Lactation, 0890334413477242.

Raju, T. N. (2011). Breastfeeding is a dynamic biological process—not simply a meal at the breast. Breastfeeding Medicine, 6(5), 257-259.
Ramsay, D. T., Kent, J. C., Owens, R. A., & Hartmann, P. E. (2004). Ultrasound imaging of milk ejection in the breast of lactating women. Pediatrics, 113(2), 361-367.

 

& Seriously check out Dr.Kakulas nee Hassiotou and Dr. Geddes research!

 

 

 

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Le cododo – et pourquoi pas ?

#ethnopédiatrie #besoins #physiologie #sommeil #biologie #maturationducerveau #autonomie #idéologie #culture

Nous vivons dans une culture qui trouve le cododo peu recommandable car il serait dangereux de dormir avec son enfant, cela l’empêcherait de grandir correctement et enfin (et peut être surtout) ce ne serait pas pratique pour les parents.

Pour commencer le cododo n’est pas plus dangereux que de laisser dormir son enfant seul dans une chambre séparée. En effet, si pratiqué avec bon sens et quelques règles de sécurité, le cododo est en fait plus sécuritaire. Prévoir un grand lit, pas d’oreiller autour de l’enfant, qu’il/elle me se retrouve pas coincé entre deux adultes ou sous une couverture, pas de consommation de produits tel qu’alcool, drogues, cigarettes. Il se trouve qu’une maman qui allaite et cododote produit des hormones qui lui permettent de veiller sur son bébé en étant en état de vigilance y compris en dormant. Elle s’éveillera au moindre signe d’éveil de son bébé et vérifiera dans son sommeil la température du bébé, s’il a trop chaud ou trop froid.
De plus, le cerveau du bébé n’est pas mature, il me sait pas enchaîner les cycles du sommeil et il peut aussi faire de l’apnée du sommeil en ‘oubliant’ de respirer. Mais lorsque bébé dort dans la même chambre que ses parents, sa respiration va automatiquement se caler sur celle de sa mère, et apprendre ainsi au bébé à maintenir une respiration régulière pendant son sommeil, et à ‘apprendre’ à enchaîner les cycles.

Lorsqu’on laisse un bébé dormir dans une autre chambre, il y a la sensation de solitude dès l’éveil de celui-ci et aussi rapide que l’on soit à venir, un bébé aura le temps de sentir l’angoisse monter en particulier s’il a besoin de pleurer, le sommeil de ses parents sera inévitablement plus profond, ce qui signifie qu’ils ne seront pas aussi alertes concernant son état de santé (fièvre, vomissements qui peuvent présenter un danger mortel alors qu’en présence des parents, ce sont des situations gérables).

Dans ce sens, le cododo répond à un besoin physiologique et biologique. Celui d’avoir une présence rassurante,
car la nuit aussi les bébés ont besoin de nous et c’est un moment qui peut être inquiétant, car ils ne sont neurologiquement pas ‘terminés’ (cf le constat d’anthropologues dans ‘Our babies, Ourselves de Meredith F Small)
et que c’est une forme de protection qui permet d’optimiser leur survie, et enfin que les parents qui dorment avec leurs enfants sont inévitablement plus attentifs à leur bien être et à leur état de santé.

Concernant la croissance de l’enfant, sa maturité psychologique et son autonomie, on notera que les neurosciences soulignent le fait qu’un nourrisson naît ‘non fini’ et l’anthropologie nous rappelle que l’homme est le mammifère qui réalise la plus grosse partie de sa croissance hors utéro. C’est à dire qu’il naît entièrement dépemdant des autres. Il me peut marcher, se nourrir, se protéger seul.Il est vulnérable. Et cet état doit être respecté et accompagné pour que l’enfant puisse se développer harmonieusement, avoir confiance en lui et en les autres. Meredith F Small aborde ce sujet dans le livre ‘Our babies, ourselves’. Elle est ethnopédiatre et à l’aide de ses travaux et de ceux de ses collègues, elle confronte les idéologies éducatives propres à différentes sociétés (ce qui est ‘bien de faire’ pour éduquer un enfant ‘comme il faut’) et la réalité des besoins physiologiques des enfants. Il apparaît que les sociétés occidentales ont une notion très particulière de l’autonomie et sont obédées par cette idée. L’enfant doit devenir indépendant le plus vite possible, il doit être capable de se passer de ses parents dès ses premiers jours de vie. L’autonomie doit être acquise par la coupure, la séparation, l’absence d’aide et de soutien, la solitude. Alors que dans de nombreuses autres cultures, cette ‘autonomie’ est une construction. On construit une confiance, des points de repères, des relations qui permettent à l’enfant de se débarasser de ses craintes et de ses angoisses à son rythme pour devenir un adulte solide, empathique, sensible aux autres et ouvert au monde. Dans ces cultures là, on considère qu’il faut un port pour pouvoir voyager. Chez nous, les amarres sont interdites.

Et les parents? Que vont-ils devenir?
Écrasés par leur bébé qui vient s’immiscer dans leur intimité? Flash info, un bébé s’immiscera dans votre vie entière. Partager ses nuits ne signifie pas que le couple partagera moins d’amour mais plus. Le cododo favorise le lien du père avec son enfant, et de nombreux pères réticents seront surpris de découvrir à quel point cela renforce leurs liens. L’intimité du couple s’enrichit également de ce partage de soins et d’amour et bénéficie des heures de sommeil gagné! Car rappelons-le, le cododo fait aussi gagner des heures de sommeil avec des déplacements en moins et un bébé très rapidement apaisé.
Enfin, si l’intimité et la complicité du couple ne se trouve que dans le lit,
c’est qu’il y a des choses à travailler,
comme la créativité et la communication!

cododocitation

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Laisser pleurer – les conséquences

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Pleurer n’est pas une chose négative. En plus d’être un moyen d’expression c’est un moyen de communication pour le bébé qui ne dispose pas encore du langage verbal. Les pleurs sont porteurs d’un message, mal être, douleur, angoisse, dans tous les cas un besoin de sécurité et protection. Pleurer est un réflexe de survie crée par notre espèce et c’est la raison pour laquelle entendre un bébé est tellement irritant. Ce son est fait pour provoquer une réaction immédiate, et la biologie a bien fait son travail.

Si au lieu d’y répondre et d’aider bébé à se sentir en sécurité et rassuré, on décide de ne pas y répondre, on crée un sentiment d’insécurité et d’abandon que le bébé, du fait de son cerveau immature n’a pas les moyens de relativiser. Lorsqu’un bébé naît, il n’a pas le cerveau d’un adulte car celui-ci est en formation. Une partie du cerveau, appelée l’amygdale est arrivé à maturité, car elle est celle qui enregistre la peur et le danger, assurant des réflexes de survie au bébé. Le lobe préfontal, et le cerveau parasympathique, qui permettent de relativiser les émotions et sentiments intenses ne sont encore qu’en train de bourgeonner.

Ce stress déclenche une production de cortisol en excès dans le cerveau, qui, plus la situation se répète, plus va se répandre rapidement et en excès dans le cerveau, créant sur le long terme un niveau de tolérance au stress très faible. Les neurosciences vont même jusqu’à expliquer que lors des premières années de vie, les connexions entre neurones étant en train de se mettre en place ou de disparaître en fonction de si elles sont utilisées ou non, un bébé qui va vivre de manière répétitive des situations stressantes va conserver les connexions qui correspondent au stress et à l’angoisse et non à l’estime de soi, la confiance et à la résilience. A long terme, le stress vécu influence même la forme des gènes (cf l’épigénétique).

Le bébé arrête de pleurer non pas parce qu’il a réussi à se rassurer seul ou qu’il a compris mais parce qu’il est épuisé ou qu’il se résigne à ne pas établir de connexion avec ses parents. Pour pouvoir survivre, le bébé va se mettre dans un état ressemblant à de la paralysie mentale, se couper de ses émotions, et construire une image de lui selon laquelle il a peu de valeur car il n’obtient pas de réponses aux signaux qu’il envoie. Cela abime sa relation aux autres, au monde, à lui-même car il ne peut établir une relation de confiance et de sécurité. (Cf l’attachement secure).

Les méthodes telles que le 5-10-15 sont des méthodes de laisser pleurer. Elles n’enseignent pas au bébé la gestion de la frustration et de la résilience, mais qu’il ne peut pas compter sur la réaction de ses parents et qu’il ne peut pas avoir une relation stable et de confiance au monde.

Le laisser pleurer n’apprend pas au bébé à gérer le stress, la peur, la douleur, l’inconfort ou l’angoisse. Il lui apprend qu’il n’y a pas de relation de confiance, qu’il ne peut pas compter sur une réaction et qu’il n’est donc pas en sécurité, ni protégé, ni digne de telles choses.

Si vous souhaitez enseigner la résilience à votre enfant, donnez-lui de l’amour et répondez-lui lorsqu’il communique.

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